Le petit chaton (3e partie)

Ce billet est la suite de "Une surprise de taille" 

ou comment un tout petit chaton m'a été livré à la maison.

et de I'm alive.

Une immense tristesse m'habite au moment où j'écris ces lignes. Je n'ai pas su comprendre les signes des derniers jours qui, aujourd'hui, me semblent pourtant évidents.  Je vous raconte.

Vous vous souvenez peut-être que le jour de l'Action de Grâce, une chatte itinérante est venue déposer son petit chaton dans ma maison. Il y a maintenant une semaine qu'ils habitent tous deux chez nous.

Hier, le petit chaton a miaulé plus qu'à l'habitude. Parfois j'avais l'impression qu'il était très en colère.  Je l'ai même vu se dresser sur ses petites pattes avant et balancer son petit corps de gauche à droite de façon frénétique en miaulant à tue-tête alors que sa mère s'éloignait.  Je n'arrivais pas à saisir ce qui se passait.  Il est vrai que ces derniers jours, l'automne s'était vraiment installé, peut-être avait-il trop froid quand il n'était pas blotti dans le poil de sa mère?

La mère se comportait aussi de façon inhabituelle. Durant la nuit, dix fois j'avais remis, sur le ventre de sa mère, le chaton qui miaulait à qui mieux mieux juste à quelques centimètres d'elle. Qu'est-ce que tu fais? Pourquoi ne t'occupes-tu pas de ton petit chaton?

Difficile de trouver la ligne où intervenir et où faire confiance en la nature. Peut-être était-elle en train de lui enseigner quelque chose?  Peut-être devait-il déjà apprendre à trouver son chemin seul?  Peut-être ne devais-je pas intervenir?  C'était trop intense.  C'était comme un appel au secours!  Chaque fois j'ai attendu quelques minutes... bon quelques secondes seulement je l'avoue, avant le le remettre près de sa mère.

Dans la soirée d'hier, elle est allée chercher son chaton dans la garde-robe pour venir, non pas le déposer, mais le laisser tomber bruyamment au sol, à mes pieds, sur le plancher froid.   J'étais estomaquée!  Qu'est-ce que tu fais là??? Pourquoi tu fais ça???

J'ai aussitôt ramassé le chaton qui miaulait à fendre l'âme et je l'ai mis dans mon chandail. Une Fée en ménopause dégage beaucoup de BTU. Bien au chaud, il s'est vite calmé.

La mère était tout près de moi, elle me regardait avec une intensité troublante, elle me donnait des petits coups de pattes sur le bras. Je ne comprenais pas son comportement.

Je l'ai fait sortir.

J'ai travaillé à l'ordinateur une partie de la soirée avec le petit chaton qui dormait bien au chaud dans mon chandail.

Quand la mère est revenue, j'ai glissé la main dans mon chandail pour aller porter le chaton dans la garde-robe. Étrange sensation. Dès que je l'ai touché, j'ai senti mon plexus se déchirer. Le chaton était tout mou, tout léger, sa tête ne tenait plus. J'avais l'impression qu'il était...

J'étais terriblement triste. Je l'ai flatté du bout du doigt, encore et encore en le suppliant de se réveiller.  Il a finalement bougé, un tout petit peu. Ce n'était qu'un sommeil profond de bébé, que je me suis dit pour me rassurer. Ça ne m'a pas vraiment rassurée.

La nuit dernière, je n'ai pas bien dormi... le même scénario se reproduisait; le chaton qui miaulait en dehors du nid et une fée épuisée qui le remettait encore et encore sur le ventre de sa mère.  J'essayais de comprendre, de faire des liens.

Ce matin, j'avais l'impression que le petit chaton avait maigri... il me semblait même qu'il était plus petit qu'à son arrivée, en fait, j'ignore combien il pesait à son arrivée mais là, il ne faisait que 74 grammes.

Tout à coup, la lumière fut. Ce chaton était affamé!  déshydraté!   La mère n'avait sûrement pas assez de lait pour le nourrir même si, depuis qu'elle habite ici, elle a droit à ce qu'il y a de mieux comme nourriture afin qu'elle soit en forme et donne du bon lait à son petit. C'est sûrement pourquoi elle le repoussait, elle me l'apportait, elle me regardait avec cet intensité.

Je m'en voulais tellement de ne pas avoir compris plus tôt... maintenant, tout ça me semblait bien évident. Pourquoi n'avais-je pas fait ces liens plus tôt?

J'ai vite préparé un mélange de lait, jaune d'oeuf et crème que j'ai fait légèrement chauffer et je lui en ai donné au compte-goutte. Sa langue était collée au palais... C'est un handicap? ais-je demandé à la Fée du Lac. Je crois que c'est la déshydratation, qu'elle m'a répondu les yeux plein d'eau.  Continues avec le compte-goutte, qu'elle a ajouté, pendant ce temps, je vais aller au village acheter le lait qu'il lui faut et des biberons.

Ce billet n'a pas été écrit aujourd'hui. Je l'ai écrit il y a deux jours. Je ne voulais pas le publier avant d'être certaine que le petit chaton survivrait. Je n'aime pas les fins tristes. Je le publie aujourd'hui parce que le chaton prends du mieux!

On lui donne un biberon aux 2-3 heures... il a de la difficulté à téter, mais il arrive tout de même à boire entre 10 et 15 millilitres chaque fois. C'est très bien. Après le biberon, il a droit à un petit massage de bédaine puis on le ramène à sa mère qui s'occupe de faire sa toilette, même si on doit parfois insister.

Je l'entends qui miaule, je vous quitte, c'est l'heure du biberon!