jeudi 25 novembre 2010

L'impact caché de nos actions

On devrait déclarer la Terre en faillite et repartir sous un autre nom, m'avait dit un jour une amie.

Il y a trop de souffrance, trop d'injustices: les abus sur les enfants, la violence faite aux femmes, le viol, l'esclavage, la pauvreté, l'exclusion, les mal-aimés, les sans-abris, les épidémies, la planète qui se détériore, les ressources qui s'envolent et j'en passe !


Ça n'en finit plus ! Pendant ce temps, mon sentiment d'impuissance lui, grandit. À quoi ça sert de donner 3 cannes de soupe pour les paniers de Noël ? Qu'est-ce que ça va changer pour la planète si de temps à autre j'achète local et bio ? Quelle différence ça fera pour la population haïtienne si je ne gaspille pas l'eau potable mise à ma disposition ?

Rien, absolument rien, me rétorque mon saboteur.

Ça donne juste envie de se coucher en p'tite boule et de pleurer, mais ça non plus ça ne changera pas ces situations.

Il y a quelques jours, j'étais à déprimer sur ces réflexions - car bien sûr, pas le droit d'être heureuse quand il y a tant de misères dans le monde - quand j'ai lu sur facebook: "Nous ne pouvons ignorer notre pouvoir de changer les choses. Si un simple battement d'ailes d'un papillon peut influencer le "premier domino " d'une réaction en chaîne alors, nous ne pouvons douter que chacune de nos actions agissent sur le grand échiquier de la vie."


Et là, la lumière fut. Si un battement d'ailes fait une différence alors aucun geste que je pourrai poser ne sera sans impact. Je sais que ce n'est pas parce que je donnerai un sac de denrées à la Guignolée que je réglerai la faim dans le monde, surtout pas à moi toute seule bien sûr, sauf que... parfois un tout petit geste peut changer l'univers de quelqu'un qui a son tour pourra changer l'univers de quelqu'un d'autre, ainsi de suite.

C'est une pensée utopique, me répète mon saboteur, du déjà vu, du déjà lu, du déjà su. Un petit geste ne change rien, la misère est trop grande, qu'il ajoute.

Il allait réussir à me replonger dans mon découragement quand... un vieux souvenir a soudainement refait surface.

Il y a quelques années de cela, j’ai dû me rendre à l’hôpital pour un important problème de santé. J’étais en très piteux état. Je conduisais le cœur gros, je savais qu’on allait me passer au bistouri, m'enlever une masse de la taille d'un ballon de football. Je me sentais seule au monde à ce moment. Pas que je ne sois pas bien entourée, c'est simplement qu'ayant dû ne compter que sur moi pour survivre à mon enfance, je n'ai pas développé le réflexe de demander de l'aide. Je n'avais mis personne au courant.

Je me rendais donc seule à l'hôpital et j'étais d'une tristesse incroyable. Je ne savais pas si j'en ressortirais ou pas. Je me sentais vraiment seule au monde. J'avais l'impression de traverser un long tunnel sans lumière au bout.

À mi-chemin, je suis passée devant une vieille maison de bois et un couple assis sur le balcon m'a saluée chaleureusement, me sortant ainsi brutalement de ma léthargie. Comme si ce petit signe de la main et leur sourire radieux m'avait tiré de mon état d'apitoiement. Ils ont apporté une lumière dans ce sombre tunnel.


Je n'étais plus seule. C’était quasiment magique, mon énergie a changé en une fraction de seconde. Je me sentais le cœur léger. C'était pourtant un geste bien anodin mais il a changé le cours de ma journée, il a fait une grande différence pour moi ce jour là.

Durant près d’un an j’ai souvent pensé à ce couple. Quand j’en parlais, je les appelais mes grands-parents adoptifs... mais eux n'en savaient rien, bien sûr.

Un matin de septembre, j'ai ressenti un élan du cœur. Quelque chose de plus fort que moi. J'ai sorti un joli panier d’osier, j’y ai déposé, sur un carré de tissu brodé, les plus belles tomates de mon jardin. « Je vais les porter à mes grands-parents » que j'ai annoncé à la Fée du lac.


J'avais réalisé qu'aucun geste n'est anodin, je voulais qu'ils le sachent.

Je me sentais fébrile, je voulais leur dire tout le bien que leur simple geste m’avait fait ce jour.

J’arrive à la porte, je frappe. Le monsieur vient m’ouvrir.

« Bonjour! que je lui dit d'une voix pleine de légèreté. Voici un cadeau pour vous! » que j'ajoute en faisant mon plus beau sourire.
« C’est pour quoi ? » qu’il me répond
« Pour manger… »
« Mais pourquoi m’offrez-vous ce cadeau » insiste-t-il

« Vous savez » que je lui dit « un jour que je…. » et là je sens que mes larmes se mettent à monter. Je grimace. Je ne veut pas pleurer. J'enchaîne... « un jour où je ne filais pas… » là, les sanglots montent sans que je puisse rien contrôler... «je suis passée devant votre maison…»...le monsieur m’interromps « Est-ce que ça va? Vous êtes malade? Vous avez besoin d’aide? » C'était trop, vu auriez du voir le torrent. Plus capable de parler. Je pleurais, je pleurais et pleurait encore. Je pleurais une tristesse qui venait de très très loin.


La dame arrive à la porte. «Qu’est-ce qui se passe? » demande-t-elle inquiète. J’essais, j’essais d’expliquer mais je pleure comme une madeleine dans le cadre de porte de purs inconnus avec mon p’tit panier de tomates sous le bras. J'ai la face en grimace, le mascara qui coule... j’aurais voulu pitcher le crime de panier et me sauver en courant.

Ils m’ont fait entrer, j'ai fini par me calmer et je leur ai expliqué. Pour eux leur geste était bien banal, puisque depuis des années, ils envoient la main à chaque voiture qui passe, pour moi il a fait la différence. On ignore souvent toutes la portée de nos actions.


D'autres souvenirs se bousculent maintenant la première place... là fois où un 2$ a changé la vie d'une dame (faudra que je vous raconte ça un jour), la fois où un regard a changé la mienne, la fois où un mot gentils a redonné confiance, la fois où une soupe a fait la différence, la fois où un geste de reconnaissance à apaisé un coeur, la fois où... Des tonnes d'exemples me viennent en tête et je suis certaine que vous en avez vous aussi.

Le petit saboteur peut retourner dormir!

Finalement, aucun geste n'est anodin... je le savais, je l'avais simplement oublié.


Bon maintenant...qu'est-ce que je pourrais bien faire aujourd'hui pour faire la différence dans la vie de quelqu'un ?

dimanche 21 novembre 2010

25 livres en plus...

dans ma bibliothèque.

Je ne suis pas allée au salon du livre. J'aurais bien aimé mais je ne vais que très rarement à Montréal, y'a trop de monde, trop d'asphalte, trop de travaux. Une Fée des bois s'y sent vite dépaysée.

Avec la Fée du Lac, nous sommes allées au Salon Val-des-Arts à Val Morin. Nous y avons rencontré des artisans et artisanes absolument extraordinaires qui nous ont raconté des histoires tout aussi extraordinaires. Des gens de coeur et de passion.



Au retour, nous nous sommes arrêtées à St-Adolphe d'Howard. La Fée du Lac avait découpé une petite annonce sur "Les Aubaines du Coeur", un magasin où l'on retrouve toutes sortes d'articles usagés à tout petit prix et dont les profits sont remis à des organismes de la région, d'ailleurs l'argent qu'on y a dépensé sera remis à la SPCA.

Dès notre arrivée, la bénéfolle (c'est elle qui s'est présentée ainsi) nous informe que tout est en réduction puisqu'ils doivent fermer, la bâtisse les logeant vient tout juste d'être vendue.

Il y avait des tonnes de vêtements, des tonnes de vaisselle, des tonnes de bibelots... des tonnes de tout finalement mais j'ai déjà tout ce qu'il me faut chez moi, je n'avais besoin de rien. J'y allais juste au cas où je trouverai quelque chose de très particulier. Et là tout au fond du magasin, sans même que j'aie dit "Sésame ouvre toi" apparut la caverne d'Ali Baba... d'immenses bibliothèques remplies de trésors!



- Regarde celui-ci !
- Regarde celui-là !

La gentille dame nous informe que tous les livres sont à $.75... on était au comble de l'excitation! Un livre sur la pile et un autre et encore un autre, une deuxième pile, un autre livre et encore d'autres.

Je dois vous confier que lors de la sélection de mon profil, mes parents, qui n'avaient pas coché l'option "Art abstrait", avaient aussi omis de cocher celle de "Culture littéraire". C'est probablement ce qui explique aujourd'hui ma compulsion pour les livres, pour tous les livres.

En tout, j'en ai choisi 25, tous plus intéressants les uns que les autres: un sur la phytothérapie, un sur la compassion et la sagesse, un autre sur la protection des lacs, sur la méditation, sur l'histoire des femmes, sur les Amérindiens et les Inuits. J'ai aussi un livre pour apprendre à être plus zen, un pour apprendre la méditation, un pour identifier les insectes, deux pour apprendre le Qi Gong et un roman que n'en a pas l'air d'un puisqu'il parle de Socrate, de Platon, d'Aristote, de Descartes, de Marx, etc.



Faut que je vous avoue que je n'ai lu que très peu de romans dans ma vie. J'avais une insatiable soif d'apprendre et j'étais convaincue que les romans étaient... une perte de temps. J'étais dans l'erreur, aujourd'hui je sais.

C'est d'ailleurs par le roman que je vais commencer ce soir.



Si vous désirez aller y faire un tour, rassurez-vous j'ai pas acheté tous les livres... il y en a encore... des tonnes de copies.

Les Aubaines du coeur
1643, chemin du Village
Saint-Adolphe-d'Howard

jeudi 18 novembre 2010

Coup de coeur pour une artiste

Le 6 novembre dernier, je suis allée au Salon des arts de Saint-Jérôme. Je suis toujours charmée par le talent de nos artistes et par leur générosité. Je les trouve inspirants, ils stimulent ma créativité, ils me font du bien.

Au fil de mon parcours à travers les différents kiosques, mon regard a été attiré par un panneau avec de grandes toiles aux couleurs vibrantes, celles de l’artiste peintre Nathalie Lagacé. Des toiles peintes avec de grands traits, de grands mouvements.

Je dois vous mentionner que j'ai très peu de connaissances en art abstrait. Il me manque un morceau, j’étais absente quand il a été distribué. En fait, je n’ai simplement pas la culture nécessaire pour apprécier. Mon cerveau s’affole chaque fois de ne pouvoir faire de liens avec des objets connus.

Mais ces toiles avaient quelque chose de particulier et étrangement, mon appréciation ne tirait pas sa source de connaissances mais d’une sensation nouvelle que je ne saurais décrire.

J’ai pris trois secondes et quart pour m'en régaler.

C’est très joli ce que vous faites que j’ai dit à l’artiste en m’apprêtant à repartir. Elle me demande alors si je veux une piste.
- Une piste ? que j’ai demandé, inquiète de ne pas comprendre ce qu’elle voulait que je vois.
- Cherchez le cheval, qu’elle répond.

Je me suis prêtée au jeu mais sans grand espoir de « voir ».


J’ai regardé de nouveau et presque instantanément... un cheval est apparu! Très très clairement. Si clairement, que j’ai peine à comprendre que je ne l’aie pas vue avant. Je suis quasiment certaine qu’il n’y était pas l’instant d’avant. Cette artiste est magicienne! En fait 4 toiles étaient installées sur ce mur et ce sont 4 chevaux qui sont apparus simultanément. Comme si un troupeau de chevaux sauvages tout en force et en fluidité sortaient des toiles. Comme si le concret émergeait soudainement de l’abstrait. J’étais totalement fascinée. « J’en reviens pas » que je ne cessais de répéter.

L'artiste, une magnifique jeune femme pétillante très sympathique s'amusait, elle prenait un réel plaisir à voir les visiteurs découvrir ses œuvres.

C’était une expérience assez troublante. Comme si l’artiste avait peint avec son âme et que c’est à mon âme que l’image s’est révélée. Comme si tout d’un coup, un lien manquant entre mon cerveau artistique et celui rationnel venait de se faire et que les deux vibraient en parfaite harmonie.

Alors que je m’apprêtais à partir de nouveau, j’ai entendu une visiteuse dire qu’elle verrait bien la toile avec le petit bébé cheval dans une chambre d’enfant. Le petit bébé ? Je suis revenue sur mes pas et je l’ai aperçu aussi. J’ai alors compris que pour apprécier une toile, ça prends un peu plus que trois secondes et quart.

En revenant à la maison, j’ai visité son site... j’ai compris la fluidité, la force, l’intensité du regard des chevaux, qui n’en étaient plus vraiment. Vous ne comprenez pas? Allez faire un tour sur son site, lisez sa poésie, laissez-vous imprégner par ses puissants messages. À votre tour, vous tomberez sous le charme.

Rendez-vous sans tarder au www.creationnat.com (désolée, je ne sais toujours pas comment mettre un lien)

Vous avez aimé ? Partagez son lien à un maximum de personnes!

dimanche 14 novembre 2010

Un petit miraculé... miraculeux

Depuis quelques jours, j'entendais des minis-miaulements provenant de derrière la maison de l'autre côté de la rue. Hier, j'a vu qu'il s'agissait d'un petit chaton noir. Il était seul, couché en petite boule sous ma haie de cèdre.

La Fée du Lac a raconté cette histoire à sa maman. Il faut que je vous dise qu'il y a quelques semaines, sa mère a reçu un troublant diagnostique; elle a une leucémie agressive et que son espérance de vie est... de très peu. En fait, ils considèrent qu'elle est en fin de vie.

Il faut sauver ce chaton! qu'elle a dit dans un élan de coeur. Je vais l'adopter! J'ai toujours voulu un petit chat noir!

J'ignorais si c'était possible. J'avais déjà essayé sans succès de l'approcher... J'avais déjà essayé de toutes les façons... même avec un bol de lait chaud... rien à faire.

J'ai téléphoné au propriétaire de la maison pour lui demander la permission d'aller chez lui où le chaton s'était de nouveau réfugié. Permission accordée. Dès que je tourne le coin de la maison, le chat s'enfuit de nouveau sous le balcon, sous une tondeuse. Impossible de l'attraper.

Le propriétaire de l'endroit arrive. C'est un homme brillant, débrouillard que j'admire beaucoup. On va faire un barrage de sorte qu'il n'y ait qu'une seule issue pour s'enfuir quand je soulèverai la tondeuse, qu'il a dit.

Le chaton est sorti en trombe, le monsieur l'a vite attrapé, le chaton a poussé un très puissant cri venant directement des profondeurs de son instinct de survie, il a griffé, mordu au sang la main du gentils propriétaire qui me l'a vite refilé. Le chaton s'est furieusement attaqué à mon collier. Je l'ai tenu fermement contre mon coeur et il s'est calmé.

J'ai ramené cette petite boule de poils à la maison. Il avait d'abord l'air effrayé mais il semble avoir vite compris qu'il était en sécurité. Il n'a plus mordu, ni griffé. Je lui ai donné du lait... qu'il a refusé... et des petits morceaux de poulet qu'il a dévoré.



Il avait l'air tellement épuisé... il avait dû livrer bataille seul contre la faim, le froid, les prédateurs.



Je l'ai rassuré.

Petit chaton, que je lui ai murmuré... je vais maintenant te confier une mission très importante; la maman de la Fée du Lac lutte présentement pour sa vie et j'aimerais que tu l'accompagnes, que tu lui apportes du réconfort. Je ne sais pas combien de temps tu seras là-bas mais soit assuré qu'au retour tu auras ta place ici, dans ma maison.

Il m'écoutait attentivement.



Il n'a pas réfléchi longtemps... il est allé se coucher dans la cage de transport et a fait tout le trajet jusqu'à Montréal sans émettre le moindre petit miaulement.



Dans la soirée, j'ai reçu un appel de la maman de la Fée du Lac. Elle me disait un gros merci. Je l'ai appelé "Tondeuse" car c'est l'endroit où je l'ai trouvé mais vous pouvez lui donner un autre nom si vous voulez, que je lui ai dit.

Elle l'a appelé "Miracle" (c'est beaucoup plus joli, j'en conviens) car il a été sauvé du froid.

J'ai adoré le ton enthousiaste sur lequel elle m'a dit "Désolée, mais je te redonnerai pas mon petit "Miracle". Cette petite phrase pleine d'espoir m'a remplie de joie.

Plus tard, c'est la Fée du Lac qui m'a téléphoné... elle m'a raconté que dès son arrivé le petit chat s'est endormi sur sa mère, il a dormi sur son coeur... elle l'a enveloppé dans son chandail pour le sécuriser. Elle était très très heureuse. La Fée du Lac a ajouté que ça lui faisait du bien de voir sa mère ainsi.

Finalement, ce petit "Miracle" a fait du bien à tout le monde!

samedi 13 novembre 2010

Chasse photographique


Jour de congé, je me suis levée avec une idée en tête, photographier un orignal. Drôle d'idée... certains ont envie d'un café en se levant, moi j'avais envie de photographier un orignal. Pourquoi un orignal? Je sais pas. Juste comme ça.

La Fée du Lac et moi sommes donc partie ce matin, à la chasse photographique à l'orignal en empruntant des chemins de terre peu fréquentés et en arrêtant aux endroits qui nous inspiraient sa présence.

Nous avons roulé d'un village à l'autre, pas un orignal ne s'est pointé, même pas un petit.

-S'il-vous-plaît, faites que je puisse en voir un aujourd'hui, que j'ai demandé en prière à la Vie.



À quelques kilomètres de la route principale, sur un chemin de terre longeant une rivière, la Fée du Lac aperçoit plusieurs outardes se laissant flotter sur l'eau.

Tu veux prendre une photo?

Elle stationne l'auto et nous nous avançons doucement en direction de la rivière qui est à une centaine de pieds de distance mais nous prenons quand même grand soin de ne pas faire de bruit pour ne pas les effrayer.

À mi-chemin, j'ai pris une première photo juste au cas où elles s'envoleraient avant que j'aie eu le temps de le faire.

Nous avons fait les 50 pieds suivants très très lentement, pliées en deux pour se faire plus petites que les bosquets. J'ai pris une autre photo avant qu'on soient rendues. Cette fois c'était quasiment en rampant et en se traînant avec les coudes qu'on s'est finalement rendues à la rivière.

Elles étaient nombreuses, une dizaine peut-être. Elles étaient tellement belles à voir.

- Elles ont l'air épuisées. Je crois qu'elles se reposent avant de partir. Sens-tu comme c'est calme?

En effet, un calme intense se dégageait d'elles et nous enveloppait.

Les outardes semblaient immobiles. Je me suis empressée de les prendre en photo.

- On comparera avec les photos d'Aglaée, me semble qu'elles ne sont pas tout à fait de la même couleur, me dit la Fée du Lac.

Nous avons ensuite doucement remonté la rivière car nous avions également vu un petit troupeau de canards.

À environ 50 pieds de l'endroit, nous avons recommencé les techniques d'approche utilisées pour les outardes. On se sentait comme de vraies chasseuses. On avait pris de l'expérience, on arrivait même à ne pas faire trop craquer les feuilles. On étaient quasiment devenue expertes en camouflage... la preuve? Aucun des canards ne s'est sauvé et comble de chance c'était de magnifiques colverts

Il y a 3 mâles et 4 femelles, que j'affirme en tant que Fée-des-bois-qui-s'y- connait-en-faune-et-qui-s'en-pète-les-bretelles.

Les premières photos ne sont pas à mon goût; le canard a une drôle de tête. Je passe subtilement de l'autre côté des bosquets, j'ai quasiment les pieds à l'eau, je ne peux m'approcher plus.

- Ok, je crois que celui-çi est assez près pour faire une belle photo mais il regarde là bas, j'aimerais qu'il se tourne de côté.

La Fée du Lac se met aussitôt à lui parler: Petit, petit... viens ici. Elle fait des petits sons avec sa bouche tc tc tc tc tc. Allez petit, petit... viens ici.

Le canard se tourne tout doucement. J'ai eu le temps de prendre quelques photos avant qu'il se retourne de nouveau.

On a fait une halte au pied d'une chute, j'ai photographié un cheval, un paysage, une gélinotte (malheureusement cette photo est toute embrouillée).



Il était finalement l'heure de rentrer. J'étais déçue de ne pas avoir de photo d'orignal à vous montrer mais au moins j'avais des photos d'outardes et de canards.

Soudain, juste après un immense champs d'avoine, une petite maison d'artiste avec des personnages grandeur nature autour de la maison. Un bien étrange endroit. J'ai voulu prendre les statues en photo mais elles avaient toutes été recouvertes d'une protection de plastique pour l'hiver, toutes sauf une. Toutes sauf un... orignal de plâtre.

- Tiens le v'là ton orignal, dit la Fée du Lac moqueuse.
- J'aurais peut-être dû spécifier que j'aimerais qu'il soit vivant, en chair et en os... La prochaine fois je préciserai les demandes que je fais à la Vie.

Le prendre en photo m'a amusée. Comme si la Vie me faisait un clin d'oeil.

Le voici donc... le petit orignal de plâtre



Et vous vous rappelez le calme qui se dégageaient des outardes? J'en connais maintenant la raison. J'ai compris une fois les photo transférées dans l'ordinateur. En gros plans certains détails deviennent évidents.

C'était le choc total.

- On s'est fait avoir sur toute la ligne ! que j'ai dit à la Fée du Lac. Viens voir les photos !

Elle était aussi en état de choc. Comment on a pu ne pas remarquer ? Faut pas raconter ça à personne!

C'était l'incompréhension, le fou rire et la honte en même temps. On n'arrivaient juste pas à le croire. On avait été leurrées d'applomb.

Voyez...







Quelque part dans les bosquets, parions qu'il y avait un chasseur mort de rire.

Racontez surtout pas ça à personne...
mais gênez-vous pas pour partager le lien si ça vous dit.

jeudi 11 novembre 2010

Lune de novembre

Hier soir, je suis vite entrée dans la maison pour répondre au téléphone.

- Allô maman! Ça va? Tu faisais quoi?
- J'étais dehors, je photographiais la lune
- Ah! Elle est pleine? Elle a quelque chose de spécial?
- Non


Silence

- J'ai fait une quarantaine de photos
- À différentes heures ?
- Non, l'une après l'autre


Re-silence

- Pourquoi prendre 40 photos de la même chose qui te donnera 40 photos identiques?
- Erreur fillette... elles sont toutes différentes... j'en mettrai quelques-unes sur mon blog, tu iras voir.
- As-tu déjà pensé te joindre à un groupe de Kodacoliques anonymes ?
qu'elle a ajouté en terminant.


Vous saviez que la lune est joueuse de tours? Quand elle fait un "C"... elle est Décroissante; quand elle fait un "D"... elle est Croissante.



La lune se dévoile.



Reflets de lune.



La lune prise au piège dans une toile d'araignée.



En utilisant mon balai de Fée-Sorcière, j'ai pu la photographier de plus près.

dimanche 7 novembre 2010

vendredi 5 novembre 2010

Des pneus...aux larmes

Étrange enchaînement de mots, j'en conviens

Voici l'histoire...

Ce matin, j’ai pris mon courage à deux mains et les pneus d’hiver de l’autre pour me rendre au garage.

Je suis une traumatisée des garages… j’haguis ça aller là… je me sens chaque fois comme une intruse, je suis toujours très mal à l’aise, je bafouille, je cafouille, j’ai juste envie de me sauver. Un jour je me psychanalyserai pour en connaître la cause profonde.

Aujourd’hui c’était la date limite que je m'étais fixée, je devais y aller. Je me rends donc au village, tourne sur la rue principale, entre dans la cours du garage. C’est en descendant de l’auto que je me suis rendue compte qu’il y avait quelque chose d’anormal. Dans mon souvenir, l’entrée était à gauche et la porte de garage à droite. Zut! Je n’étais pas au bon garage ! Pas question de retourner à l’auto pour faire demi-tour devant les trois hommes qui me regardaient, debout devant la porte. J’ai pris une bonne respiration, j’ai marché d’un pas assuré et je suis entrée.

Trois autres hommes étaient assis à l’intérieur et me regardaient… sans expression… en fait, ils avaient une expression, tous la même mais je n’arrive pas à la définir.

Je m’approche donc du gros monsieur à la grosse moustache derrière le comptoir et lui demande s’il faisait les changements de pneus.

Il hésite, regarde son calendrier, me demande mon nom de sa grosse voix.

Je m’appelle Fée mais vous n’avez pas mon nom, je n’ai pas de rendez-vous, faut prendre rendez-vous? Je vous téléphonerai, je reviendrai, c’est correct, c’est pas urgent, ça peut attendre… Je parlais plus vite que Louis-José Houde et je n’avais qu’une envie… me pousser.

Y’a pas de problème, on va le faire maintenant, qu’il me dit. Je lui remets les clés de mon auto. Je cherche où me placer. Les trois hommes occupent les trois uniques chaises du minuscule espace. Y’a qu’un tabouret, et il est très haut. J’ai vraiment pas envie de grimper la dessus… j’ai en mémoire les images d’un monologue de Lise Dion.

Je vais aller prendre une marche en attendant, que j’annonce en sortant sous la pluie comme une cas dingue car bien sûr, mon parapluie est dans mon auto qui est déjà montée sur le lift.

Ma marche est de courte durée. Quand je reviens, y’a une chaise de libre. Le monsieur est à la machine à peannuts. Vite je saute dessus. Sur la chaise, pas sur le monsieur. J’essais de me détendre, de respirer.

- Vous faites de la mécanique ici ? que je demande pour briser cet insupportable silence. Avant même que le gros monsieur réponde, mes pensées se mettent à s'affoler... Zut! j’ai pas vu la pancarte, j’espère que je suis pas chez Joe Mécanique, j’vais avoir l’air folle… c’est un garage… font forcément de la mécanique… j’ai juste envie d’aller me cacher sous un tapis de char.

Un peu mais on fait surtout des silencieux et des freins, qu’il me répond. Ouf! Sauvée! J’ai pas l’air nounoune. On faisait de la mécanique mais les moteurs ne sont plus ce qu’ils étaient, qu'il ajoute.

En effet, avant, les moteurs c’était de la mécanique, aujourd’hui c’est de l’électronique, que je réponds avec une fausse assurance et un air de simili-connaisseuse-de-mécanique.

Je guette les réactions… deux des trois hommes hochent la tête en guise d’approbation… je suis soulagée.

Il n’y a plus de lourd silence… ils se remettent à parler… de char bien sûr.

Deux hommes partent, le troisième reste.

- J’ai eu une bad luck samedi, dit soudainement le gros monsieur à la grosse moustache en s'adressant à moi.

De nouveau, un étrange silence s’installe… je ne le comprends pas.

- Une bad luck ? que je répète pour briser ce foutu silence.

Il respire profondément, regarde le garage et dit : Oui, j’ai perdu mon fils.

Mes pensées s’embrouillent… perdu son fils ? Il l’a perdu au centre d’achat? Il est allé à la chasse et n’est pas encore revenu? Aucune de mes pensées n’était cohérente.

Il est décédé d’une crise de cœur, il n'avait que 40 ans, qu’il dit finalement.

Le choc ! Je m’attendais à n’importe quoi mais jamais à ça.

Les clients me demandent ce qu’on fait ici (j’ai compris que la dame dans le bureau était sa femme)… si on reste chez nous, on s’assis à table pis on pleure tous les deux… aussi ben être ici, qu’il ajoute.

Vous avez raison. Que dire? Y’a rien à dire! J’ai rien dit d'autre. Je l’ai juste regardé. Il s’est levé pour raconter l'histoire et là j’ai vu un colosse le cœur en miettes qui se battait de toutes ses forces afin de retenir le torrent qui voulait faire sauter le barrage.

J’ai tenu ma chaise à deux mains pour ne pas me lever et aller lui faire un gros câlin. J'aurais peut-être dû... je sais pas.

Il s’est excusé et est allé dans le garage.

Je vais faire brûler une chandelle ce soir pour votre fils, que j’ai dit en sortant.

Sa tristesse m’a rentrée dedans comme un coup de poignard et j’ai eu du mal à contenir la pluie qui débordait de mon cœur. Je suis passée par la pharmacie acheter une chandelle parfumée et c’est à la lueur de cette chandelle que je vous partage maintenant cette trop trop triste histoire.

Des pneus aux larmes...

Et si vous allumiez à votre tour une petite bougie aujourd’hui pour apporter un peu de lumière aux gens qui souffrent ? Vous voulez bien?