mardi 15 février 2011

Entre ce que je regarde et ce que je vois...

Il peut y avoir tout un monde.

Quand je regarde ceci...

Je vois de magnifiques échinacea

Si je regarde cela...

J'y vois un bouquet de pivoines

Quand je regarde ce bourgeon...

Je vois un rhododendron 

Et quand il a ce regard... 

C'est qu'il s'ennuie des pois de senteur qui iront bientôt lui chatouiller le nez.


dimanche 13 février 2011

Nuit de pleine lune

Ce matin, je me suis réveillée avec un souvenir qui date de plusieurs années.

Je vous raconte?


C'était lors d'une belle journée ensoleillée d'hiver, alors que je faisais de la raquette dans le boisé, je vis une forme sur le lac au loin. C'était une silhouette humaine. Je n’avais pas vu âme qui vive depuis plusieurs jours. Qui cela pouvait-il bien être? Je n'avais pas encore la réponse que, sans trop savoir pourquoi, je dévalais maintenant la falaise en faisant de grands signes de reconnaissance avec mes bras.

J’étais très heureuse de ma nouvelle vie d’ermite et cette réaction excessive m’a surprise, je n’avais pas réalisé à quel point le contact humain m’avait manqué.

J’ai marché en direction du lac, la personne est venue à ma rencontre. C'était une femme. Elle avait l’air d’une grand-mère amérindienne, comme dans les livres mais elle avait de magnifiques yeux bleus intenses, un regard à peine supportable tellement elle semblait me lire l’âme, un sourire du cœur malgré quelques dents en moins, Je ne saurais dire quel âge elle avait, chose certaine, plusieurs saisons de soleil et de froid avaient marqué sa peau.

Nous nous sommes présentées et nous avons marché ensemble. Elle m’expliqua qu’avant elle venait régulièrement faire le tour du lac en raquettes, mais comme elle avait été malade, c’était la première fois cette année qu’elle le faisait.

Nous avons marché jusqu’à son camp de fortune formé d'un cercle de neige tapée au centre duquel cinq grosses pierres étaient disposées autour d'un feu. Elle m’a expliqué que c'est le demi-cercle naturel de thuya juste là qui l’avait incitée à choisir cet emplacement.


J’ai, en guise de respect, déchaussé mes raquettes avant d’y entrer. Elle a partagé avec moi un breuvage chaud très sucré. Elle m’a ensuite invitée à frotter les branches de thuya entre mes mitaines et à m’envelopper avec cette nouvelle énergie qui chasse les mauvais esprits. Juste avant de me dire aurevoir, elle m’a donné rendez-vous au même endroit à la tombée du jour, à la pleine lune de février. J'ai accepté.


Ce 20 février, toute la journée, je me suis demandée dans quoi je m’étais encore embarquée. J’avais rendez-vous, en début de nuit, en plein bois, avec une femme dont tout ce que je connaissais était le prénom. La soirée était particulièrement glaciale... la température indiquait –30 degrés.

J’aurais pu prétexter un empêchement, un malaise soudain mais je n’avais aucun moyen de la rejoindre et j'avais donné ma parole. J’ai pris mon courage d’une main et ma lampe de poche de l’autre, je me suis emmitouflée comme un enfant, la tuque sur les yeux et le foulard par-dessus le nez, j’ai enfilé mes raquettes et j’ai suivi le sentier qui menait à son camp.

De temps à autre, j’arrêtais pour regarder la lune, écouter le silence. J’étais bien, le froid n’arrivait pas à transpercer mes vêtements mais ma respiration s’emballait régulièrement. Une trentaine de minutes plus tard j’étais enfin arrivée. La vieille indienne n’était pas encore là. J’avais le temps de reprendre mon souffle avant notre grande marche. En effet, j’ai oublié de vous dire qu’elle m’avait donné rendez-vous pour qu’on fasse ensemble le tour du lac; une randonnée de près de trois heures. J'était heureuse de pouvoir récupérer quelques forces avant d'entreprendre ce trajet.

En l’attendant, je me suis fais un lit de thuyas et je me suis couchée sur le dos pour regarder le ciel. La nuit était sans nuage. La lune régnait de toute sa rondeur dans un univers magnifiquement étoilé. C’était magique. Il n’y avait aucun son. Rien. Pas de bruit de voiture, pas de craquements de branches, même pas d’oiseaux. Rien. Le pur silence. Différent du silence de la maison où le tic-tac de l’horloge, le moteur du frigo, les mouvements des chats créent un bruit de fond qu’on oublie mais qui est là bien présent. Dans ce bois, aucun son n’arrivait jusqu’à moi. Du coup, j’ai pris conscience de ma respiration; également d'un genre de grondement provenant probablement de ma circulation sanguine. Je suis restée ainsi un long moment à écouter ce qui se passait en moi.


Soudainement...une petite peur surgit sournoisement. Tout ce vacarme intérieur était-il vraiment normal ? Ma respiration n’était-elle pas trop rapide ? Un bruit nouveau m’a fait sortir de mes réflexions. J’ai entendu un long et profond sifflement au loin là-bas. Comme une lamentation qui se répétait encore et encore. Peut-être un orignal? Un chevreuil? Peut-être un ours? Impossible, me dis-je pour me rassurer, à cette période de l’année ils étaient sûrement encore profondément endormis. J'avais beau me concentrer, je ne reconnaissais pas le son.

Une autre peur surgit, celle d’être en danger. J’ai arrêté de respirer pour mieux écouter. De nouveau le silence. Comme si ce qui émettait ce sifflement, se sentant observé, s'arrêtait aussi. C’est en poussant un soupir que j’ai soudainement réalisé que le son provenait de l’intérieur de moi et non de l’extérieur comme je le croyais. D’un côté l’apaisement que ce ne soit pas un animal sauvage et de l’autre la peur pour la santé de mes poumons qui silaient à chaque respiration. Tout va bien, que je me répétais.


Mon regard s’est de nouveau porté sur la lune, les étoiles. C’était féerique. D’un coup je voyais l’infiniment grand. J’avais la sensation de ne faire qu’un avec l’Univers; comme si la Vie s’était arrêtée un instant pour me permettre de reprendre contact avec moi-même. J’ai pensé que ce silence devait être familier à nos ancêtres.

Un craquement de branche… puis un autre m’a, une fois de plus, sortie de mes réflexions. C'est elle qui arrive, pensais-je avec enthousiasme. J’attendais fébrilement, le regard rivé sur le sentier. Plus rien. Plus un son. Le silence. Un silence inquiétant cette fois. Je me suis rappelée en un éclair le regard fier du trappeur qui m’avait dit l’automne dernier qu’il avait vu des pistes de loups. Et si c’était un loup? Ou pire... si c'était une meute ? Et s’ils étaient affamés? Et s’ils m’attaquaient. Et si… et si… Plus je « et si-jais», plus la peur grandissait. J’essayais de me calmer mais les scénarios dramatiques se bousculaient pour faire la une.

De toute mes forces j’ai tenté de raisonner ma peur. Il n’y a pas de loup, il n’y a pas de son que je me répétais encore et encore. Il n’y a pas âme qui vive...sauf moi... près d’un lac... loin de la maison...attendant une inconnue... en pleine nuit...seule au beau milieu du bois, proie facile des prédateurs féroces et affamés qui me guettent sûrement en secret.

La peur ne paralyse pas toujours croyez-moi. Je me suis levée d’un bond, j’ai pris mes raquettes à mon cou et j’ai dévalé le sentier en chantant «Valderi Valdera» à tue-tête pendant les vingt minutes du retour en accéléré. De quoi effrayer toute âme qui vive!


Je n’ai jamais revue la vieille indienne mais cette expérience m’a appris beaucoup sur moi, sur ma témérité, sur mes peurs.

Je préfère de loin la nature de jour, et de préférence autour de chez moi.

samedi 5 février 2011

Une rencontre très privilégiée

entre un chevreuil et la Fée du lac.



Je n'ai pas de mot... pas d'histoire. Ces photos me troublent beaucoup... j'y étais, j'ai eu l'immense privilège d'assister a cette douce rencontre entre un animal sauvage et une Fée amoureuse des animaux.

J'espère sincèrement que ces photos reflètent la magie du moment. J'espère que vous la voyez, que vous la ressentez aussi. Maintenant, je me tais et vous laisse vous en imprégner à votre tour.

N'oubliez pas que vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir. 






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La bûche qui était trop mignonne

La maison baignait dans une douce chaleur quand je suis rentrée du travail ce soir. Il y avait encore de la braise toute rouge dans le poêle à bois. Je pouvais repartir le feu sans mettre de papier, je n'avais même pas besoin de petits bois d'allumage. Seulement une bûche et les braises se chargeront de l'enflammer.

J'ai ouvert la porte du poêle, brassé la braise pour la raviver un peu et j'ai pris la première bûche sur la pile, sans la choisir. C'était une bûche de bouleau à papier ou si vous préférez Betula papyrifera.  J'ai enlevé les premières couches qui tenaient à peine sur l'écorce et je les ai mises de côté. C'est trop joli pour être brûlé. Juste avant de mettre la bûche dans le poêle, je l'ai regardée de nouveau. Elle était vraiment belle. Trop belle pour que je la brûle finalement.

Elle était trop mignonne... je l'ai invitée à faire connaissance avec mon nouvel appareil photo.

- Allô maman ! dit Fille Aînée d'un ton joyeux au téléphone. Qu'est-ce que tu fais ?
- Je m'apprêtais à faire une séance photo.
- Et qu'est-ce que tu vas photographier cette fois ? qu'elle demande sur ton quasi désespéré.
- Euh... j'le dis pas.

Imaginez sa désespérance si je lui avais dit que j'allais photographier une bûche!


C'est en plaçant la bûche pour prendre la photo, que j'ai remarqué l'épaisseur de l'écorce. Sur un bois plus foncé, des pelures sont superposées en alternance; une mince comme du papier, l'autre ayant un peu plus la texture d'un carton puis une feuille mince de nouveau. J'ai compté une dizaine de couches.


Des artistes utilisent justement ce jeu d'épaisseurs dans l'écorce pour fabriquer d'uniques oeuvres d'art, comme ce magnifique petit panier que j'utilise quand je pars à la cueillette.


Des ébénistes, des artistes apprécient ce bois léger et noble.


Le bouleau a inspiré cet élégant porte-plumes à un artiste.

Je l'utilise justement pour y déposer les plumes que les oiseaux m'offrent en cadeau.



Les amérindiens se servaient du bouleau pour conserver les aliments, pour se soigner, pour construire des canots.  La Fée-Sorcière des potions magiques m'a dit un jour, qu'elle buvait chaque année la sève fraîche du bouleau qu'elle entaillait au printemps. C'est un bon tonique printanier, qu'elle disait. Je n'y ai pas encore goûté. C'est dans ma liste "A expérimenter".


Vous saviez que son petit cousin, le bouleau jaune, est l'arbre emblématique du Québec? Au printemps, je reviendrai vous présenter celui qui vit sur le bord de la falaise chez moi... je vous montrerai ses fleurs et ses chatons (fruits).

Bon, trêve de papotage, il commence à faire frais dans ma cabane... je vais aller mettre une bûche dans le poêle... je crois.

Oh!  La jolie bûche de Hêtre...

Passez une très agréable journée!

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jeudi 3 février 2011

À la rencontre du silence


J'aime bien ce titre. Je viens tout juste d'en avoir l'idée. Il est mystérieux... on dirait qu'il annonce un texte d'une grande profondeur philosophique. Pourtant, il n'en est rien. Je veux simplement vous parler de ma rencontre aujourd'hui avec des sourds.

Cette dernière phrase vous a-t-elle un peu écorché l'oreille ? Vous ressentez le même malaise que j'ai eu en l'écrivant ? Vous avez cru vous aussi qu'il fallait dire "malentendant" plutôt que sourd pour être politically correct ? Que les personnes qui vivent dans le silence partiel ou total s'appelaient toutes malentendantes ? Eh! bien, nous avions tort. Un malentendant a une surdité partielle alors qu'un sourd a une surdité totale. Et les personnes sourdes sont fières, elles ne veulent pas être appelées autrement. Je tiens cette information directement de la bouche de l'interprète qui répétait en langage verbal ce que la dame sourde devant elle exprimait dans la langue des signes.

Le langage des signes n'est pas universel vous le saviez ? D'une langue à l'autre, d'une région à l'autre, les signes se personnalisent... même la langue des signes français (LSF) est bien différente de celle des signes québécois (LSQ).  Il y a des régionalismes.  J'étais étonnée de l'apprendre.

Ces informations n'étaient pas dans le cadre du cours d'aujourd'hui donné par le Centre St-Pierre, nous les avons apprises faisant connaissance avec deux personnes sourdes ainsi qu'avec leurs interprètes présents dans le groupe.  

J'étais totalement fascinée par les interprètes... totalement fascinée.

Je n'avais jamais vu une interprète à l'oeuvre en direct, à quelques pieds de moi avant. Et d'où j'étais assise, je la voyais très bien. En fait, j'ai été de grands bouts de temps à la regarder tellement j'étais fascinée.


Je croyais que le langage des signes était fait avec les mains... j'avais tort. Cette nouvelle vous surprends ? Je l'ai vu de mes yeux vu... les mains ne sont qu'une partie du langage; l'expression faciale, l'émotion, l'intensité et la prononciation des mots en font aussi partie. C'est la combinaison de tout ça qui forme le langage.

Les interprètes que j'ai vues aujourd'hui étaient fascinantes... je vous l'ai déjà dit ? Elles avaient une capacité d'attention et de concentration absolument fascin... phénoménales.

Les interprètes arrivaient à traduire au fur et à mesure... sans même avoir pris connaissance des documents avant. Ce qui me fasci... m'ébaubissait c'était de constater qu'il n'y avait aucune interprétation des phrases. Aucune précision, aucune explication du contenu n'était ajoutée... à aucun moment. Me semble que j'aurais parfois été tentée d'en ajouter un peu, d'y mettre un brin de dentelle, de compléter avec mon grain de sel ou peut-être que je n'aurais simplement pas tout traduit... pas toujours en tout cas... j'en aurais peut-être sauté de petits bouts parce que j'aurais été dans la lune disons. Elles n'en faisait rien. Je les ai bien observées.

J'étais si fasc... ébahie; elles m'ont donnée le goût de devenir interprète à mon tour!

Une autre chose que j'ai apprise aujourd'hui... on ne peut avoir les yeux rivés sur l'interprète et écrire ce qu'elle dit. C'est bien logique qu'ils ne peuvent faire ces deux choses à la fois... je ne m'étais tout simplement jamais arrêtée à penser à ça avant. Au Cegep ou à l'Université, souvent ils embauchent des gens pour prendre les notes, m'a appris une des interprètes.


Juste avant de quitter, je suis allée saluer les deux personnes sourdes. À Madame j'ai touché le bras et j'ai prononcé tout bas "au revoir". Je lui avais demandé si elle lisait sur les lèvres durant le dîner, elle m'avait répondue que oui. Ses lèvres, en silence, m'ont dit "au revoir" juste avant de me faire un magnifique et grand sourire.

Je me suis tournée vers Monsieur. Je ne savais pas s'il lisait ou pas sur les lèvres. Parce que j'avais appris que ce ne sont pas tous les malentendants et tous les sourds qui lisent sur les lèvres. Ça aussi ça m'a beaucoup surprise. Je croyais que tous savaient le faire.

Dès que Monsieur m'a vu, il a mis sa main devant ses lèvres, comme lorsqu'on envoit un baiser. Quel homme galant! Je crois même avoir entendu le Smack mais ça je n'en suis plus certaine, j'ai peut-être imaginé. Chose que je sais c'est qu'il avait une jolie lumière dans le regard et une main qui s'apprêtait à m'envoyer un baiser. J'étais un peu surprise de cette familiarité inattendue. Serait-il en train de me faire du charme ? Tentait-il de me séduire ? De me draguer ? que je me suis demandée intérieurement en une fraction de seconde.

Méprise ! Il a continué son mouvement et a descendu sa main sur son avant-bras. Sur ces lèvres toutes souriantes j'ai lu "Au revoir". Il venait de m'apprendre le signe pour le dire. J'ai fait de même pour lui dire au revoir.


Alors pour vous aussi je dépose ma main sur mes lèvres avant de la mettre sur mon bras et vous dit au revoir en silence.

Une dernière chose... je viens de découvrir un cours à distance, offert par La Fondation des Sourds du Québec, qui me semble fort intéressant et c'est gratuit ! Allez y faire un tour !  C'est par ici !

Faites pas comme moi... cherchez pas à monter le volume.

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mardi 1 février 2011

Un peu de couleur

en attendant le printemps

Une fleur de Cactus de Noël ou de Schlumbergera, pour les intimes.


Un chapelet mâlâ composé de 108 pierres tout en couleur. Le mot mala signifie en sanskrit « collier de fleurs ». Pour méditer en attendant le printemps.

Je vous présente Aveline, la Cueilleuse ou l'Accueilleuse, au choix. Elle attends, elle aussi, fébrilement le printemps pour cueillir toutes ces bonnes herbes à infuser.


Passez une très belle journée !