Le Héron et moi

J'allais, une fois de plus, photographier les magnifiques couleurs d'automne 

quand le ciel s'est d'un seul coup assombri. 

Une ombre gigantesque a plané au dessus de moi.  

En levant les yeux, j'ai aperçu un beau grand Héron.

Il s'est posé à la sortie du bois, non loin de moi.  

Quel cadeau !  J'étais tellement heureuse!

J'ai eu le temps de faire cette photo avant qu'il prenne de nouveau son envol.

Il n'est pas allé très loin.  Je l'ai vu redescendre derrière le gros rocher en face de nous.  J'avais peut-être encore une chance de l'observer.  La Fée du Lac et moi avons contourné le lac, nous avons marché courbées bien camouflées dans les herbes hautes, nous avons grimpé jusqu'au sommet de la colline d'où nous pouvions le voir de nouveau.      

Couchée à plat ventre pour être le moins visible possible, j'ai fait encore quelques photos.  L'oiseau n'a pas bronché. Tout doucement, un pas à la fois, nous avons redescendu l'autre versant en faisant des arrêts fréquents et en nous camouflant du mieux qu'on pouvait derrière les petits sapins qu'on rencontrait sur notre passage.

Le grand Héron ne bougeait pas

ou presque.

Une fois en bas, nous nous sommes ambitionnées encore un peu.

nous avons avancé en direction du lac. 

Nous nous sommes finalement rendues jusqu'au bord de l'eau.

J'ai attendu, attendu, je croyais vraiment qu'il allait s'envoler,

mais il est resté.

Étrangement, l'oiseau semblait savoir que là, sur sa roche

au milieu de l'eau, il était en sécurité,
que je n'irais pas le rejoindre à la nage.

L'absence de blanc au somment de sa tête,
indiquait que c'était un jeune héron.

Il s'est remis en position de repos,

une patte au sol, l'autre enfouie dans son plumage,
regardez sur la photo, une peut apercevoir une griffe qui dépasse.

Le vent s'amusait à lui faire de drôles de coiffures.

Je dois vous avouer, bien honteusement, qu'après cette série de photos, l'idée de lui faire un petit "Bouh!" ou de lancer un caillou à l'eau afin de pouvoir le photographier lors de son laborieux décollage m'a traversée l'esprit un instant.  

Un court instant seulement.  Je ne l'ai pas fait.

J'ai plutôt décidé de quitter.  

Nous avons contourné le lac sans hâte, mais sans faire de camouflage cette fois.

Je n'ai pu m'empêcher de faire encore quelques photos.

Impudiquement, j'ai assisté à sa toilette.

Pour mieux l'observer, je me suis de nouveau approchée.

Peut-être un peu, beaucoup en fait.

Il m'a signifié, par des sons gutturaux sans équivoque,

que c'était assez, qu'il était maintenant temps pour moi de repartir.

Je l'ai remercié de m'avoir fait cadeau de ce temps d'arrêt, 

de ce précieux moment présent.  

Il a fermé les yeux et s'est endormi.

Sûrement a-t-il besoin de rassembler ses forces

pour son voyage prochain vers le sud.

Nous sommes reparties tout doucement sans faire de bruit.