Lundi 13 décembre
Il est presque 22 heures, je suis à plus d'une heure de route de chez moi et je dois repartir demain matin à 7h pour faire le trajet inverse afin de revenir ici.
Il neige à plein ciel, on n'y voit rien. À une intersection, je freine doucement... ça glisse. J'appuie à fond en me disant que c'est maintenant que je vais savoir si des freins ABS c'est efficace. Pas vraiment plus. La visibilité est nulle. À la lumière verte, je repars doucement et mon auto fait du surplace. Pourtant j'ai d'excellents pneus d'hiver.
À ma droite, je vois cette enseigne lumineuse.
Coup de tête
Coup de volant
Et me voilà dans le stationnement !
Je n'irai pas plus loin ce soir.
Arrête le moteur, débarque, entre, sonne: Avez-vous une chambre et c'est combien ?!? Le gentils monsieur qui ne parlait ni tout à fait français, ni tout à fait anglais m'a remis la clé de la chambre no. 4.
C'est en entrant dans la chambre que je suis brusquement revenu à la réalité. Qu'est-ce que je faisais là !?!
Des meubles bruns, usés à la corde, des rideaux oranges, une déco qui datait de plus de 30 ans.
Une vieille odeur de cendrier flottait dans l'air. J'ai vite compris pourquoi.
Tenez ami lecteur et amie lectrice, je vous offre une visite guidée gratuite... ça vaut le coup d'oeil... suivez le guide... follow the guide.
Ici, sur le mur du fond, voyez le magnifique tableau champêtre aux couleurs savamment délavées...
Un abat-jour ajouré offrant luminosité inusitée...
Splash douteux d'on ne sait trop quoi qui aurait certainement eu un tout autre impact s'il n'avait pas été dans cette chambre louée à l'heure.
Ici... on peut en déduire que quelqu'un a reçu une mauvaise note... gravé dans le cadre de porte de la salle de bain, l'inscription complète était "Zéro le héro"...
Alors que j'explorais cette univers particulier, une discussion récente au sujet des punaises de lit m'est brusquement revenue à l'esprit... cet endroit me semblait un lieu tout à fait invitant pour elles.
Une vague d'inquiétude m'a subitement envahie. À quoi ressemble une punaise de lit ? Est-ce que c'est gros ? Est-ce que ça saute? Est-ce que ça se voit à l'oeil nu ?
Par mesure de précaution j'ai tout mis sur la patère: le manteau, le foulard, le sac à main, les bottes... je me suis même demandée, pendant un court instant, si je n'allais pas y dormir aussi.
Un peu plus tôt j'avais demandé au gentils monsieur qui m'avait accompagné jusqu'à la chambre pour monter le chauffage:
Où est le té-lé-pho-ne ?
Pas téléphone
Où est le cadran ?
Pas cadran
Décidément, c'était un motel pour qui ne désirait pas être dérangé.
Comment m'assurer de me lever à l'heure? Je me souviens tout à coups que j'ai un nouveau réveil matin dans mon sac à main, quelqu'un me l'avait offert et je venais de faire changer la pile. Malheureusement, il n'indiquait pas la bonne heure.
Soudain une idée se pointe... je vais ouvrir la télé, on doit voir l'heure quelque part. Toute heureuse de mon idée de génie, je m'exécute.
Premier poste... la chambre des communes en direct... Ah! Ah! En direct signifie que je pourrais voir l'heure réelle sur une horloge ou même...sur une montre. J'observe, j'observe, j'observe...peine perdue. Je suis en train de tomber endormie. Cette idée de génie n'était, en fait, pas si géniale.
Au deuxième poste disponible, c'était Casse-noisette. Certes c'est un bien beau ballet mais pas très utile pour savoir l'heure.
Qu'à cela ne tienne, je savais, à 30 minutes près, quelle heure il pouvait être. C'était déjà ça de gagné. Oups! Obstacle majeur... les boutons sont minuscules et avec ces lunettes qui ne sont plus assez fortes, je n'arrive à pas à lire les inscriptions. Autre idée de génie ! Décidément ce motel m'inspire! Je photographie les boutons du cadran, je fais un zoom et miracle je peux ajuster l'heure sans problème !
Que faire maintenant, j'ai pas vraiment envie de dormir... écrire me semble la seule chose à faire dans ce motel éloigné de tout. Il va s'en dire qu'il n'y a pas de connexion sans fil. Il y a des lustres que je n'écris plus de façon manuscrite... je trouve ça un peu dommage. Il fut un temps ou j'écrivais beaucoup... maintenant, on dirait que j'ai perdu la main... les smileys, le copier/coller, la possibilité de changer les paragraphes de place, de remettre les phrases à l'endroit ma manque.
Je m'amuse à m’imaginer la réaction des gens que je connais. Je vois très bien la moue dédaigneuse du Copain qui ne fréquente que les 5 étoiles; le regard amusé de cette amie qui trouve que je me retrouve toujours dans de drôles de situations; l’air rassuré de ma fille de me savoir en sécurité; le découragement de cette collègue. Je vois très bien telle amie intriguée et curieuse de connaître l’histoire, telle autre qui aurait dit « aurait fallu me payer cher pour que je couche là », telle autre encore qui aurait demandé : Elle a quoi cette chambre?… elle me semble bien correcte et cette autre, qui a beaucoup voyagé et pour qui il n’y avait pas matière à faire toute une histoire de cette simple aventure. Autant de personnes autant de réactions.
Mon cadran indique maintenant minuit. Il est temps de me coucher. L'image des punaises de lit me hante de nouveau. Telle une kung Fu Fée, je me prépare et je tire les couvertures d'un geste vif, rapide comme l'éclair, avec la crainte d'y voir un troupeau de punaises affolées s'enfuyant en tout sens en hurlant. Rien, il n'y avait rien... les draps étaient immaculés. J'ai regardé dans les plis, les replis... toujours rien. J'étais quasiment en train de me sentir rassurée quand j'ai soudainement réalisé qu'il y a quelques minutes je n'étais pas foutue de lire ce qui était écrit sur les boutons du cadran... malaise. J'étais toujours ben pas pour photographier les draps afin de zoomer... quoi que... nannnn!
Je me suis finalement endormie en écoutant un vieux film mettant en vedette Gérard Depardieu et Pierre Richard.
Le lendemain matin m'a donné l'occasion de faire un bel exercice de dépassement, d'humilité même. Je n'avais pas de brosse à cheveux, pas de séchoir, évidemment, pas de maquillage et... une graduation qui m'attendait avec des tonnes de photos...
Ce sera! que je me suis répétée maintes et maintes fois.
Je suis finalement rentrée saine et sauve le lendemain soir à la maison où on m'attendait avec impatience.
Voilà pour mon aventure d'un jour de tempête.
Chère Fée intrépide, ta vie est définitivement tout sauf monotone lolll.
RépondreSupprimerRavie de voir que tu t'amuse toujours autant.
Comment se nomme tes deux minous qui t'attendais si patiemment à la fenètre ?
La question que tout le monde doit se posé....comment s'appel ce trou où tu as passé la nuit ? mdrr :-))))
Mafalda ;-)
Bonsoir Mafalda
RépondreSupprimerMes chats s'appellent Lola et Yoda.
Tant qu'au nom de ce motel... c'est top secret lol
Lola ?
RépondreSupprimert'as pas déjà eu une chatte qui s'appelait ainsi dans "une autre vie" ?
Mafalda
haha!!! drôle d'histoire!!!
RépondreSupprimerMerci beaucoup Fleuvero !
RépondreSupprimerEffectivement, tu te retrouves dans des situations quelque peu cocasses mais j'ai lu chaque mot avec ... grande avidité o-))))
RépondreSupprimerExcellent week-end et passe de belles fêtes ... à tout bientôt.
J'ai eu bien du plaisir à te lire... et je suis de celle qui te dit "je n'aurais jamais pu dormir là moi" hi! hi! hi!
RépondreSupprimerMerci à vous deux !
RépondreSupprimerPassez de un très agréable temps des Fêtes !
"Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
RépondreSupprimerIl est dans un petit patelin, quelque part
Comme c'est le seul qu'on puisse y dénicher
Malgré soi il faut bien y coucher
Y a pas d'garage… il faut ranger l'auto
Dans une étable entre une vache et un veau
Et, par les trous qu'il y a dans la toiture
Les pigeons déshonorent votre voiture
Dans votre chambre est un vieux lavabo
Mais le malheur c'est qu'il n'y a pas d'eau
Et pour se débarbouiller le matin
Faut descendre à la pompe du jardin
{Refrain:}
Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Y a des souris qui trottent dans les placards
Heureusement que pour venir les chasser
Sous chaque port un gros chat peut passer
Dans votre lit y a des draps rapiécés
Et du sommier les ressorts sont cassés
Quand on s'retourne ça fait un tel bruit
Qu'on ose pas remuer de la nuit !
Comme dans la cour y a aussi la basse-cour
Un sacré coq vous réveille au petit jour
On se rendort, mais d'l'église à côté
Y a la cloche qui vous fait sursauter
Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Dans la commode on y trouve des cafards
Y a pas d'rideaux, les volets ferment mal
Devant la fenêtre il faut mettre un journal
Mais le plus beau, c'est l'moment du repas :
Tout c'que l'on veut, c'est réglé, y'en a pas !
Si vous demandez une côtelette de mouton
L'on vous sert une omelette à l'oignon
Comme la fontaine est très loin dans l'pays
Et qu'la patronne, afin d'faire son frichti
Avec un seau va puiser dans une mare
Dans l'bouillon vous trouvez des têtards
Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Dans le bistrot d'en bas y a un billard
Mais on n'peut pas y jouer parce que
Y a qu'une bille et ensuite y a pas d'queues
L'endroit discret n'est pas dans la maison,
Mais à côté d'la cabane au cochon,
Faut une bougie pour s'y rendre la nuit,
Et s'il pleut, faut prendre un parapluie
On quitte l'hôtel disant : C'est pas trop tôt !
Et dans l'étable on va chercher l'auto
Mais le petit veau, prenant ça pour du foin
De votre bagnole a bouffé les coussins
Connaissez-vous l'Hôtel des Trois Canards ?
Quand on y va, bien plus vite on en repart
Si par hasard, un jour vous y allez
Tout comme moi vous n'y reviendrez jamais"
C'était une chanson très en vogue en France quand j'étais petite! Nos deux hôtels se ressemblent, non?
Nos hôtels se ressemblent vraiment
RépondreSupprimerLe veau en moins, on s'entends
Merci beaucoup pour ce premier éclat de rire du jour !
Passe une merveilleuse journée !
Ton message de ce matin m'a menée ici, Fée des bois.
RépondreSupprimerPeu invitante cette chambre!
Mais, ce que tu m'as fait rire!
Merci!
Très bien écrit!
Merci beaucoup Lili-Geneviève !
RépondreSupprimerPour venir te répondre, j'ai revu les photos... c'est tout un monde de différence ! lolll