Le Jardin de Silice

J'avais rendez-vous avec l'illustre Fée Écrivaine, illustre parce qu'elle est aussi illustratrice. Après avoir pris un café à mon nouveau resto préféré, nous sommes allées marcher un peu. C'était peut-être une fausse bonne idée compte tenu de la chaleur accablante qui régnait aujourd'hui.

"Atelier de poterie" disait l'affiche devant laquelle nous sommes passées après seulement quelques minutes de marche.

- On y va?
- On y va.

Les Fées sont curieuses de nature, dès qu'une nouvelle expérience se pointe, dès qu'un nouvel apprentissage est possible, elles sautent sur l'occasion.

Nous sommes entrées dans l'atelier, il n'y avait personne. Nous avons fait le tour puis un homme est arrivé. J'apprendrai plus tard qu'il s'agit de monsieur Kinya Ishikawa qui, après une carrière olympique dans l'équipe de bobsleigh japonaise, a immigré au Québec et est maintenant un céramiste très connu ici. C'est d'ailleurs lui (et toute une équipe bien sûr) qui organise chaque année l’exposition 1001 pots à Val-David.

Il y a très peu de pièces ici présentement, nous a-t-il dit. Nous nous préparons pour l'exposition qui commence vendredi.

En effet, cette année ce sera la 23e édition de la plus importante exposition de céramique en Amérique du Nord. D'ailleurs, sur le terrain, de nombreuses personnes s'affairaient déjà à préparer l'évènement.

Si vous voulez, vous pouvez visiter le jardin, a-t-il ajouté. Comme les fées ne refusent jamais une invitation à visiter un jardin, nous l'avons suivi à travers le sentier longeant l'atelier.

Nous sommes ensuite passées, sans toutefois nous y arrêter, devant une aire de repos fort invitante.

Malheureusement la photo ne rend pas justice à l'esprit du lieu.

Puis, devant un étonnant jardin miniature mobile.

Nous sommes finalement arrivées au Jardin de Silice. Monsieur Ishikawa a enlevé la grosse chaîne avant de tirer lentement les deux grandes portes de fer qui s'ouvraient maintenant sur un univers totalement inattendu.

N'oubliez pas que vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir.

Prenez votre temps, refermez les portes en partant, nous a-t-il dit avant de nous quitter.

Le jardin était immense et les plantes étonnamment peu nombreuses bien que présentes. J'étais fortement impressionnée par la taille de ce jardin (sur la photo vous n'en voyez que la partie centrale), j'étais fascinée par sa structure, par l'originalité des lieux. Je n'en revenais pas! J'étais tout simplement éblouie!

Les murs étaient composés de treillis de fer à l'intérieur desquels s'empilaient des dizaines, des centaines, des milliers de pièces de céramique. Que leur était-il donc arrivé pour qu'elles se retrouvent ainsi écorchées, empilées les unes par dessus les autres? Qui les avait créées? Pourquoi n'avaient-elles pas trouvé preneur? Comment s'étaient-elles brisées? Qui avait décidé de les jeter?

Chacune de ces pièces avait une histoire, qu'à défaut de connaître, on pouvait imaginer.

En y regardant de plus près, j'ai vu autre chose...

Approchez...

Encore un peu...

Ces pièces n'étaient pas empilées au hasard. Elles avaient été sélectionnées et chaque regroupement pouvait également donner lieu à des histoires. Les possibilités étaient infinies. J'étais subjuguée.

Cette oeuvre d'art, car c'est bien ce dont il s'agissait, avait le pouvoir de délier l'imaginaire. J'aurais pu m'asseoir des heures, des jours entiers même que je n'aurais pas eu assez de temps pour écrire tous les scénarios qu'elle m'inspirait.

Ici, je me tais afin de vous faire vivre un peu l'expérience. Prenez votre temps, vous n'aurez qu'à fermer la porte en sortant, après avoir laissé un petit commentaire si vous le désirez, bien sûr.

J'ai l'impression qu'elle porte le monde sur ses épaules. Oups! Désolée. Voilà... je ne parle plus.

Pôv bêtes! On dirait bien que ces animaux aimeraient s'enfuir mais estropiés de la sorte, ils ne peuvent aller bien loin. Oups! Re-désolée, j'avais déjà oublié.

Je ne parle pas... vous avez carte blanche pour imaginer tout ce qui vous plaît!

À votre tour... allez-y carrément ou rondement comme bon vous semble!

Prisonniers? Réfugiés? Ce ne sont que deux petits mots qui m'ont échappé... vous pouvez tout de même inventer la suite ou un scénario tout à fait différent.

Motus et bouche cousue... mais dites, vous ne m'en voudrez pas si je fredonne tout bas? Tous les garçons et les filles de mon âge se promènent dans la rue deux par deux - Tous les garçons et les filles de mon âge savent bien ce que c'est d'être heureux - Et les yeux dans les yeux et la main dans la main - Ils s'en vont amoureux sans peur du lendemain

Cette fois, je tiens parole, je ne dis mot. Avouez que la scène parle d'elle-même, n'est-ce pas?

C'est déjà la fin de ce voyage, par ici la sortie.

Ce que vous voyez sur la chaise de gauche ne fait pas partie de l'oeuvre, même si je trouve qu'il s'amalgame assez bien... c'est simplement mon sac à main que j'ai laissé traîner.

Le samedi 6 août, aura lieu dans ce Jardin de Silice, la Cérémonie du Thé, Chakai nodate - Urasenke.

Vous avez aimé la visite virtuelle? Vous adorerez le voir en vrai. J'y suis allée à deux reprises et j'y retournerai encore cette année. L'exposition a lieu du 15 juillet au 14 août, tous les jours de 10h à 18h à Val-David. Pour plus d'information, cliquez sur:  1001 pots

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