jeudi 15 novembre 2012

Marcher pour maigrir

J’ai besoin de bouger.  J’ai décidé de perdre du poids, de me remettre en forme.  La journée est belle, je décide d’aller marcher au Parc régional de la Rivière-Du-Nord à St-Jérôme.  Je vais aller brûler des calories!




Ce panneau me fait sourire.  Le message s’adresse à moi, c'est évident.  J’ai quasiment envie de lui répondre merci. J’entreprends le sentier d’un pas ferme et décidé.  Et un, deux, trois, et un, deux, trois. 

Quelques minutes plus tard, je fais un minuscule arrêt devant cet autre panneau.  


Tout plein d'informations qui me semblent intéressantes, mais pas le temps de le lire, je le prends en photo et je repars aussitôt d’un pas ferme et décidé.  Un, deux, trois.  Je veux maigrir!

Ce panneau et le livre de Sarah Allegro que j’ai reçu en cadeau hier m’inspirent une nouvelle idée.  Ce livre est le journal de bord d’une chercheuse de joie.  L’auteure répertorie chaque jour, pendant 365 jours, au moins une petite joie du quotidien.  J’aime l’idée et j'admire sa discipline.  J'étais absente quand elle a été distribuée.  Je pourrais écrire chaque jour ce que j’ai appris sur la forêt et ça pourrait justement commencer par Le Bec Cerclé.  

Tout en marchant d’un pas toujours aussi ferme et toujours aussi décidé, j’ai commencé à réfléchir au texte, à la pile de papiers à trier, à ma carte de crédit dangereusement gonflée, à la porte à réparer, au bois à rentrer,...

Et là, sans que je comprenne pourquoi, je me suis tourné la cheville et j’ai fait un vol plané par en avant.  J’ai tout juste eu le temps de swigner mon appareil photo en arrière et de mettre mes deux mains devant pour me garantir puis je suis tombée.  Les mains et les genoux ont amorti le choc, mais c’est tout le corps qui a suivi.  Je me suis relevée assez rapidement à l’aide de l’orgueil.  Je ne comprenais pas ce qui venait de m’arriver.  Il n’y avait ni roche, ni racine pour justifier que je m’enfarge ainsi.  De plus, j’ai un excellent sens de l’équilibre.   J’ai enlevé les feuilles, les aiguilles de pin, le gravier et la poussière qui m’avaient sauté dessus alors que j’étais par terre et je suis repartie… d’un pas ferme et décidé, bien sûr.
  
C’était sûrement un signe, une jambette que m’avait fait la Vie pour me dire de ralentir un peu.  J’étais passé près d’une rivière que je n’avais même pas regardée.  C’est triste de ne pas être regardé. J’ai déposé ma main sur le dossier d’un banc et j’ai pris 1/3 de seconde pour la regarder.  Bon, j'y ai pas déposé mes fesses, mais j'avais tout de même pris le temps d'arrêter.


Je suis repartie d’un pas presque aussi décidé. Le presque étant une petite crainte qui marchait maintenant avec moi.  S’il avait fallu que je me torde ou me brise la cheville!  Une raideur s'était installée dans tous mes membres.  Il y a longtemps que je n'avais pas eu les genoux écorchés.  Mes souvenirs remontaient à plus de 40 ans quand ma mère désinfectait les bobos en y versant du peroxyde.  Ça faisait des bulles, ça brûlait, mais ça désinfectait, paraît.  Après venait la teinture d'iode ou le mercurochrome.  Vous avez connu ça?  Ça nous faisait de belles taches rouges orangées indiquant qu'on avait survécu à une grosse blessure. À défaut de soigner, ça attirait la compassion des adultes et l'admiration des amis.

J’ai essayé de regarder la nature, les pins géants qui touchaient presque les nuages, mais j’étais trop dans mes pensées et trop dans la performance.  La même que je venais de dénoncer le matin même.  Avais-je rencontré des gens?  Avais-je vu des animaux?  Je sais pas.



Soudain, j’arrive face à face avec ce panneau.  


C'était comme un clin d'oeil.  Ça m’a fait sourire.  J’ai ralenti un peu le pas.  Puis il y a eu un deuxième et un troisième panneau identique.  Décidément... étrange coïncidence.  Si la Vie m’avait fait une jambette et que maintenant Elle écrivait, trois fois plutôt qu'une, en majuscule, je devrais peut-être écouter.  Je sais par expérience que les signes vont habituellement en s’amplifiant.  J’ai soudainement eu peur qu’à la prochaine étape je reçoive un arbre sur la tête ou un ours en pleine face. 

J’avais vu très peu de cette Nature au milieu de laquelle je marchais, mais ce petit mot attaché à un arbre, lui, je l’ai bien remarqué.  


J’ignorais à qui il s’adressait, qui était ce CLG, mais je l’ai pris personnel.  J’ai fait demi-tour.  Après tout, il y avait déjà plus d’une heure que je marchais d'un bon pas.
  
J’ai essayé de ralentir.  J’ai arrêté pour regarder un petit mésange batifoler dans les broussailles,   un écureuil noir sauter de branche en branche.  J’ai même déposé mes fesses sur une bûche, ici devant ce feu durant plus d’une seconde.  Peut-être même une minute entière avant de repartir.


Au loin, j’ai vu une dame, debout devant les chutes.  Je l’ai observée un moment.  Même si elle était loin, je pouvais sentir qu'elle dégageait quelque chose de très serein.  J'ai osé la prendre en photo.



J’ai eu envie de m’approcher.  J’ai marché dans sa direction et elle est venue à ma rencontre.  Elle n'était pas vêtue comme le sont les marcheurs habituels,  elle portait une grande cape bleue.  Elle avait une longue chevelure et des yeux d’un bleu perçant.  « Vous êtes tellement belle! », lui ais-je dit spontanément en la croisant.  « C’est un bel endroit ici.  Il y a une énergie spéciale, on n’a pas besoin de rien faire, juste d’être ici, on se débarrasse de ce qui est superflu.» me répondit-elle.  « Je vous souhaite une belle journée » enchaîna-t-elle aussitôt en continuant sa route.  J'étais sous le choc.  Pourquoi m'avoir dit ça justement là, aujourd'hui?  Est-ce que la Vie (Dieu) m'avait fait une jambette, avait écrit en lettres rouges et comme je ne comprenais toujours pas, Elle s'était présentée en personne?  J'aurais aimé lui parler davantage, mais elle s'éloignait déjà.  Je n'ai pas insisté.

Sa voix était aussi douce que son pas.  Je suis restée un instant à regarder à mon tour la chute et quand je me suis retournée, elle n’était plus là.  Je ne l’ai pas revue, mais je me sentais maintenant enveloppée du calme et de la sérénité qu'elle dégageait.


J’ai continué de marcher, non plus d’un pas ferme et décidé, mais plutôt d’un pas lent, en harmonie avec  ce qui m’entourait.  J’étais passé de la performance à la gratitude.

Un Bec Cerclé est venu à ma rencontre.  C'était la première fois que j'en voyais à cet endroit.


Il s'est mis à danser dans les nuages.  J'ai pris le temps de savourer ce moment.




J'étais heureuse de m'être arrêtée.  Le spectacle que l'oiseau m'offrait était unique.





  
Voilà!  Je voulais écrire sur ce que j’avais appris de la forêt, c’est plutôt la forêt qui m’a appris sur moi.



4 commentaires:

  1. La nature a beaucoup a nous apprendre, mais il faut beaucoup de sagesse pour savoir s'arrêter et l'écouter...

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  2. ouah ! trop belle ta promenade plein de zénitude de belles rencontres ! tes photos splendides ! quel bon bol d'air ! merci pour ce beau moment !

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  3. Sur mon blog hier j'ai posté ma petite fée à moi, celle qui m'aide à trouver des champignons. Elle est toute ronde et c'est très bien comme ça. :)
    J'aime bien te suivre dans tes promenades, alors surtout prends ton temps, de regarder, et de nous montrer...

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  4. Ah ma curiosité, le gout de lire ton billet tout doux, tout chaud, plein d'une vérité trop souvent visible mais cachée par un but tout autre que celui tout simple de prendre le temps et savourer. Donc a la place de le lire au petit bonheur du soir, j'ai mis de coté la corvée Palmolive et m'y suis encore une fois prise a rêver avec tes mots tout a toi et tes photos qui parlent. Quelque fois, pourquoi je ne saurais dire, nous prenons une tangeante pour soit nous abreuver de changement, prendre de nouvelles habitudes de vie bref toutes les raisons sont bonnes pour un peu de différence! Mais la vie ainsi est-elle faite et nous ramène a la réalité du quotidien par une secousse plus ou moins brusque. Mais je me suis dit aux tout premiers mots lus, elle va se planter a cette vitesse et tu vois la vie et la beauté du lieu t'ont, je dirais, poussée un peu brusquement pour te faire réaliser que tu y alllais un peu trop fort sur la pédale, toi la Fée des mots et des images, toi la Fée que j'aime lire et sentir couler en moi tes lieux magiques. Oui fais attention, car la santé du corps commence par celle de l'esprit que tu as j'en suis convaincue très vif et haut élevé; un esprit de Fée, un esprit libre et branché sur des forces incroyables. Alors continue a être toi et par le fait même oui compet 1-2 et 3 ... Mais prend le temps de voir, admirer et ...respirer !

    Merci pour ces billets tant attendus.

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