Une pensée spéciale à tous les travailleurs et à toutes les travailleuses horticoles

Dès ma deuxième année ici, dans le bois, je savais que mon obsession horticole ne serait pas que passagère, j'étais irrémédiablement atteinte.

Une journée typique dans mes jardins:

Café en main, je débute la tournée des jardins. J'enlève quelques adventices. Je déplace trois vivaces, je m'assoie sur le banc pour regarder l'effet. Je prends quelques photos. Je bine un jardin, j'écoute un chant d'oiseau. Je prends une tisane froide et je lis quelques pages. Je nettoie une autre plate-bande, je jase avec un voisin. J'installe un tuteur, je prends une tisane, j'écris un bout de texte. Je retourne la terre, j'observe une libellule, je fais une sieste sous un arbre, ...


J'ai alors pensé que si je pouvais être payée pour faire ce que j'aime le plus, soit jardiner, apprendre, expérimenter, partager ce serait pour moi le comble du bonheur.

"Faites attention aux demandes que vous faites à la Vie, elle pourrait bien vous exaucer." J'ignore qui a dit cette phrase mais attention, je confirme qu'elle est bien vraie.

Un jour seulement s'était écoulé depuis mon voeux quand, dans le journal local, j'ai vu en gros titre: "Hey! passionnés d'horticulture!" C'était une offre d'emploi. Je suis allée passer l'entrevue, j'ai obtenu l'emploi. La Vie fait parfois de la haute vitesse! J'étais toute étourdie!

C'était en 2003.

Maintenant un aperçu de cette première journée en Centre jardin?

Si cette plante va au soleil? Laissez-moi m'informer, je vous reviens.
Que je déplace les caissettes? D'accord.
Non monsieur, cette plante ne sera pas heureuse à l'ombre... je crois... mais laissez-moi vérifier.
Que je déplace les caissettes de nouveau? D'accord.
Vous voulez une plante qui fleurira tout l'été sans que vous n'ayez quoi que ce soit à faire ? * Laissez-moi réfléchir.

J'avais une bonne connaissance des plantes indigènes, des plantes qu'on infuse, qu'on cuisine, qu'on déguste en salade mais maintenant je réalisais que je connaissais très peu sur les plantes ornementales.

Déplace des caissettes, transporte des sacs de terre, arrose, passe le balai, déplace des caissettes.
C'est combien cette fleur? Laissez-moi vérifier.
Replace les caissettes.
Jusqu'à quel hauteur vient cette plante ? Y'a pas de petit carton dans la boîte? Laissez-moi aller m'informer.
Replace des caissettes, nettoie des plantes.
Je vous décroche cette jardinière madame (ouf! c'est lourd au bout d'une perche), vous avez changé d'idée ? Vous voulez l'autre ? Pas de problème madame, je vous la décroche aussi.
Replace les caissettes.
Je connais le nom français et latin mais là madame let me find out what it is.
Replace les caissettes, nettoie quelques plantes, passe le balai.

Rien de rien à voir avec le petit jardinage zen auquel j'étais habituée. Ouf!

Lorsque je suis descendue au sous-sol pour poinçonner à la fin de cette première journée, j'ai cru ne jamais être capable de remonter l'interminable escalier de cinq marches.

Pour l'expérience, j'ai fait ce travail jusqu'à la fin de la saison, mais je n'y suis jamais retournée. Je préfère de loin le rythme de mes jardins.

Alors à tous les travailleurs et à toutes les travailleuses de ce domaine, je vous lève mon chapeau car je sais maintenant à quel point vous travaillez fort.

Toutes les photos ont été prises aujourd'hui à la ferme-école du Centre de formation agricole de Mirabel.

Un grand bravo aussi à tous les étudiants et étudiantes qui fleuriront notre demain et nourriront nos familles!

Si vous avez aimé cette histoire ou si vous connaissez quelqu'un qui travaille en horticulture ou en agriculture, n'hésitez pas à partager ce texte.