Lors de notre dernière sortie en bateau pneumatique, nous avions repéré une petite île couverte de buissons qui sentaient le ciel.
Après quelques recherches, nous avons appris qu'il s'agissait du Myrique Baumier, une plante indigène qui apprécie les rivages. J'ai eu envie de l'expérimenter en cuisine.
On avait également repéré, lors de cette sortie, quelques plants de canneberges sauvages dans un petit coin difficile à atteindre.
Aujourd'hui, nous avons préparé des bouteilles d'eau, des vivres et des petits sacs en papier pour partir à la cueillette. Nous avons transporté le "bateau" en fait c'est mon petit canot gonflable deux places que j'ai baptisé bateau. Ça lui donne un air de grandeur!
- Prête pour l'aventure?
- Prête pour l'aventure, répondit la Fée du Lac avec enthousiasme.
- On commence par les canneberges sauvages?
- D'accord!
Bien sûr, pour des fées, c'est très difficile de partir du point A pour se rendre au point B... il y a toujours des petits pointillés entre les deux lettres qui nous font faire quelques détours.
Comme ici, ce nénuphar était vraiment trop irrésistible. Après quelques manoeuvres habiles et d'autres plutôt malhabiles, je le concède, nous avons fini par immobiliser le bateau afin que je prenne cette photo.
- T'as vu les petits bosquets rouges là-bas? Si on allait voir ce que c'est?
N'oubliez pas de cliquer sur les photos pour les agrandir!
Surprise! C'était des troupeaux de petites plantes carnivores dont j'ignore le nom.
Alors qu'on s'approchait de plus en plus pour faire de meilleures photos, un son étrange et une énergique vibration retentirent soudainement sous le bateau. Comme si une truite gigantesque très frétillante se débattait juste en dessous de nous.
- C'est quoi ça? demandais-je horrifiée.
- Aucune idée! Mais on se pousse!
Même en s'éloignant de la berge, ça continuait de plus belle! Avec plus d'intensité!
Tout à coup la lumière fut.
- Vite rame! Le bateau est percé! On coule!
On était complètement à l'autre bout du lac. Il était hors de question que mon appareil photo se noie une seconde fois. Il ne me donnerait pas une deuxième chance, je le savais.
- On n'a pas le temps de retourner à notre point de départ! Vite! Faut ramer jusqu'au premier quai en vue!
Étonnamment, on a ramé dans un parfait synchronisme, le bateau filant, pour la première fois, à toute allure en ligne droite.
- Allez rame! On y est presque! Go! Faut pas lâcher!
La garde-côtière aurait été là, qu'on aurait eu une contravention pour excès de vitesse.
- J'y pense, dit la Fée du lac, il y a trois chambres à air après ce bateau: une est percée, il en reste deux, on ne peut donc pas couler! Annonce-t-elle toute fière de sa déduction.
- Mon appareil photo lui ne le sait pas, il est inquiet, allez on rame!
On était maintenant assises au fond du bateau qui était complètement dégonflé, les rebords encore bien remplis d'air nous arrivaient presque jusqu'aux oreilles.
On s'est enfin rendues au premier quai. On a sorti le bateau, réparé le trou et regonflé le bateau; prévoyante, la Fée du Lac avait pris soins d'apporter tout le nécessaire. On a repris notre souffle et... nous avons remis le bateau à l'eau très fièrement, en se pétant les bretelles de nos maillots de bain.
- Dans quelle direction va-t-on cette fois? Du côté du Myrique Baumier?
- Je suis d'accord.
- Regarde là-bas! C'est le huard, dis-je toute excitée à la fée du lac.
- On s'approche?
Nous n'avons pu nous approcher autant que je l'aurais souhaité mais suffisamment tout de même pour observer son magnifique manteau à pois orné de sa jolie collerette rayée.
- Regarde! T'as vu derrière le huard? C'est une ancienne cache de castor. On s'approche?
Quelques branches de thuya fraîchement coupées nous ont informées que cette cache était de nouveau habitée.
Près de la cache, une autre surprise; des coquilles d'huîtres indiquant cette fois la présence de loutres.
Décidément, nous ne sommes vraiment pas seules sur ce lac!
Soudain, une vibration malheureusement familière se fit ressentir. Oh! Non! La patch n'a pas tenue!
- Allez on rentre mais sans panique cette fois, on sait maintenant qu'on a le temps.
Comme on fait demi-tour, le tonnerre nous gronde.
- On dirait que le ciel se couvre rapidement.
- Vite, on rame, il faut être arrivées avant l'orage!
Vite à la maison! nous crie la petite grenouille alors qu'on passe près d'elle.
Maintenant le vent se lève. Le petit bateau devient difficile à contrôler.
- Allez! Plus vite! Plus fort!
- C'est ce que je fais, c'est le vent qui me pousse dans cette direction!
On y mets toute notre énergie.
- Oh! Hisse! Oh! Hisse!
- On y est presque! On lâche pas! Go! Go! Go!
On travaillait très fort pour très peu de résultats.
Après des efforts titanesques, nous sommes finalement arrivées au quai. Nous avons rapidement fait une manœuvre d’accostage digne des plus grandes capitaines en faisant tourner le bateau d'un coup de 90 degrés, nous sommes débarquées à toute allure, nous avons sorti le bateau de l'eau, nous l'avons transporté jusqu'à l'auto et hop! à la maison... juste au moment où l'orage éclatait avec une force incroyable.
Je vais maintenant aller me faire une petite compresse. J'ai l'étrange impression d'avoir un p'tit bras et un gros bras. Aucune photo de cela n'est disponible.
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