Habituellement je reviens d'une randonnée en forêt avec des histoires d'arbres, de plantes, de bestioles, de rivières, mais pas aujourd'hui. J'ai plutôt envie de vous parler des gens que la Fée du Lac et moi avons croisés lors de notre randonnée sur le parc linéaire "Le P'tit Train du Nord".
Je vous les présente:
De vieux amoureux déambulent d'un pas lent, main dans la main.
De jeunes amoureux s'enlacent si étroitement sur un petit rocher qu'on pourraient croire qu'il se sont fusionnés.
Il y a des pas rythmés, des pas feutrés, des pas assurés, d'autres plus hésitants.
Des enfants sautillent, des parent sourient.
Des chiens marchent en laisse, d'autres sont laissés en liberté, même si dans un cas comme dans l'autre, c'est interdit.
Des "b'jouuur" à la deuxième syllabe allongée, j'adore ces "b'jouuur" avec l'accent européen.
Deux hommes au regard coquin nous saluent de façon charmante, s'arrêtent et nous regardent nous éloigner. Prenaient-ils une pause après avoir monté une longue côte ou voulaient-ils simplement nous regarder le popotin?
Les cyclistes du dimanche font sonner leur clochette pour nous aviser qu'ils sont derrière, ce qui nous fait chaque fois sursauter avant de bondir sur le côté du sentier. Ça les fait toujours sourire, parfois même éclater de rire.
Certains n'avisent pas qu'ils sont derrière et croient pouvoir impunément passer à côté de nous. Souvent, c'est au même moment où je pointe du bras quelque chose de l'autre côté du sentier. Ils sont nombreux à avoir quasiment reçu mon bras dans le front. Maintenant, je regarde derrière avant d'étendre le bras.
Des cyclistes filant à toute allure, les dents serrées, le visage crispé. Ceux-là ne disent pas bonjour, ils sont concentrés, ils se poussent à l'extrême. Parfois, on peut percevoir un petit mouvement de l'oeil, même pas de la tête, en guise de réponse à notre bonjour.
Cet homme semble porter toute sa vie dans un lourd bagage usé à la corde. Je crois que c'est un itinérant, murmura la Fée du Lac.
Cette fois, c'est sur ses épaules courbées que celui-là semble porter tout son bagage de vie.
Il y a ceux qui prennent leur temps, qui s'arrêtent voir couler le torrent, qui s'émerveillent des cabrioles d'un écureuil, qui font une pause pour observer une fleur.
Il y a ces autres qui regardent et vont droit devant.
Il y a ceux qui marchent en silence et ceux qui parlent sans arrêt. Ceux qui réussissent à le faire en joggant m'impressionnent vraiment.
Il y a des têtes blanches qui passent devant tout le monde avec leurs mollets d'acier et d'autres, beaucoup plus jeunes que la vieillesse a déjà rattrapés.
Il y a des heureux, des sérieux, des préoccupés.
On a croisé un elfe à vélo à deux reprises; c'était le même qui revenait. Il était étrangement vêtu, avait les cheveux long dont la moitié attachée, ses yeux étaient d'un bleu perçant. Il ressemblait étrangement à un personnage du Seigneur des Anneaux, Legolas Vertefeuille, mais à vélo.
- Y'avait des oreilles pointues? ai-je demandé à la Fée du Lac.
- J'osais pas te le demander.
On en a toutes les deux eu l'impression, mais on n'en est pas certaines.