Gardienne de la ferme d'une amie pour quelques jours,
la Fée du Lac me téléphone tôt ce matin:
Dis donc, ça chante tôt un coq
et dans le silence de la nuit, le son est vraiment amplifié!
me dit-elle.
J'ai bien l'impression qu'elle aura beaucoup d'histoires à raconter.
J'ai décidé d'aller lui faire un petit coucou,
pour voir comment elle s'en tire
avec les poules, les oies, les lapins et les chiens.
Ça va bien. Les oies ont fait un peu de vacarme, mais elles sont sorties sans problème. J'ai préparé les graines germées pour les poules et j'ai ramassé les oeufs. J'ai donné la moulée aux lapins et je suis allée leur cueillir un gros bouquet de fleurs de trèfle. Ils aiment tellement ça! a-t-elle dit.
Les chats avaient été nourris, les chiens aussi, une partie de la serre avait été arrosée et la camomille allemande avait déjà été cueillie et mise à sécher. Décidément, une journée qui commence avec le chant du coq est une journée bien remplie.
Cette apprentie-fermière m'impressionnait.
Je m'étais éloignée pour faire quelques photos,
quand un puissant cocorico tout près de moi m'a fait sursauter.
Des fugitifs!
Un coq et sa dodue poulette se promenaient
en toute liberté.
Je suis vite allée chercher la Fée du Lac.
Houston, we have a problem !
Deux volailles se sont sauvées de l'enclos!
lui ai-je dit toute énervée.
Non, c'est normal m'explique-t-elle.
Si on met ce coq avec l'autre dans l'enclos,
il y aura une terrible bataille.
Vaut mieux qu'ils restent chacun de leur côté.
Ah bon? Et ce soir, faudra que tu coures après pour les faire entrer?
Paraît que non.
À la fin de la journée, ils sont heureux de rentrer,
je n'aurai qu'à leur ouvrir la porte.
Soudain, des cris d'alarme retentissent. Ce n'était pas le coin coin normal des oies, ça ressemblait au son d'une sirène, pas celle qui vit dans l'eau, mais celle des véhicules d'urgence.
C'était saccadé et puissant. Une alarme. C'est certain qu'il y avait un problème. Les oies n'avaient jamais crié comme ça avant. La Fée du Lac et moi nous nous sommes précipitées vers leur enclos. Pendant que je courrais, je me demandais ce que je pourrais faire s'il y avait un loup ou un coyote. Cette ferme est située au creux d'une montagne, au milieu de nulle part, loin de tout. On pouvait facilement imaginer un prédateur. Pas question de s'interposer entre la bête et la volaille.
On contourne la grange et on arrive finalement à l'enclos des oies. Tout semble correct. Un balayage rapide du paysage ne démontre pourtant rien d'anormal.
Les oies font une drôle de tête.
On dirait même... qu'elles se paient notre tête.
Elles émettent des genres d'étranges petits ricanements.
Je crois qu'on vient de se faire avoir,
dit la Fée du Lac, pliée en deux pour reprendre son souffle.
C'est possible ?
On dirait bien que oui.
Une libellule, sûrement complice,
observait la scène de là-haut.
Alors que la Gargouille elle,
faisait semblant de n'avoir rien vu.
Tout étant redevenu calme,
nous sommes allées faire un tour à l'étang.
Je ne me lasse pas de regarder ces magnifiques fleurs.
C'était une autre belle journée.
La Fée du Lac vient de me téléphoner.
Les jardins sont arrosés;
les deux pseudo-fugitifs sont entrés sans se faire prier;
les poules et même les oies ont suivi docilement.
Elle leur a donné de pelures de légumes,
paraît que c'était le party dans le poulailler!
L'apprentie gentlewoman farmer peut maintenant se reposer...
jusqu'au prochain chant du coq.
Coccccoricoooo !
Cliquez sur la photo pour les voir en grand !
L'oeil de l'oie est impressionnant,
on voit sa-son complice dans sa pupille.