Ce matin, j'allais donner un p'tit coup de pouce à un organisme communautaire qui prépare une levée de fonds. Puisque le rendez-vous n'était qu'à 11h et que je me lève très tôt, je disposais donc de quelques heures pour aller travailler dans les jardins.
Désherbe ici, repique là, amende ici, taille là.
Gremline et Blanche, de la fenêtre, surveillaient les travaux.
Oh! Le cerisier a donné naissance
à ses deux premières fleurs!
Les jardins commencent à fleurir!
C'est chaque année une joie renouvelée de les redécouvrir!
Tiens, voici le jardinier qui revient
avec une nouvelle plante à installer.
Il les aime tellement!
C'est l'heure de rentrer! C'est l'heure de rentrer!
m'ont crié les outardes qui passaient au dessus des jardins.
Zut! Je n'avais pas vu le temps filer!
Je me suis lavée, changée, coiffée à la vitesse de l'éclair.
J'allais prendre mon appareil photo et je me suis ravisée.
Pas le temps! Je suis donc partie... sans lui.
Au pont de métal, à 20 minutes de chez moi,
quelque chose au loin, a attiré mon oeil.
Qui était donc ce grand échassier tout de blanc vêtu?
Un héron blanc? Un héron albinos?
Un héron gris qui n'avait pas encore grisonné?
Une cigogne???
C'était la première fois que je voyais cet oiseau et
je n'avais pas mon appareil photo!!!
Je l'avais laissé à la maison !!!
Je l'avais laissé à la maison !!!
De toute façon, je serais arrivée en retard
si me m'étais arrêtée pour le prendre en photo,
me répétais-je pour me rassurer.
Lâcher prise. J'avais pas le choix, je devais lâcher prise.
J'ai remercié la Vie de m'avoir offert
le privilège d'un tel spectacle et j'ai lâché prise.
Il y avait bien un petit regret qui faisait surface de temps à autre,
mais vite je l'écartais en me répétant "lâcher prise", comme un mantra.
Deux heures plus tard, alors que je revenais de ma rencontre,
que vois-je au même endroit? L'oiseau blanc!
Le même oiseau, au même endroit, deux heures plus tard!
Je n'arrivais pas à y croire! On dirait qu'il m'avait attendue.
Bien sûr, je n'étais pas retournée à la maison,
je n'avais donc toujours pas mon appareil photo.
Lâche prise, insistait une petite voix, lâche prise.
Et si... osais-je soudainement penser.
Projet ridicule, ai-je aussitôt entendu.
Et si j'allais chercher mon appareil photo
et que je revenais le photographier?
Un aperçu du monologue durant le trajet jusqu'à la maison?
- Rien ne dit que l'oiseau sera toujours là... lâche prise.
- C'est 40 minutes aller-retour... pas très écologique...
- Ça ressemble à de l'acharnement... lâche prise...
- Il me manque du compost, je pourrais en profiter pour aller en acheter...
- Si l'oiseau n'est plus là, je pourrais faire des photos des plantes printanières...
De réflexion en réflexion je me suis rendue à la maison,
j'ai attrapé mon appareil photo et je suis retournée... jusqu'au pont.
Incroyable! Il était toujours là !
Mieux encore, ils étaient deux!!!
J'étais tellement excitée!
J'ai garé l'auto et j'ai marché sur le bord
du petit pont de métal à une voie.
Croyez-moi, un pont de métal ça fait un bruit d'enfer
et ça bouge vraiment beaucoup quand une auto passe.
Quand un gros camion est passé, j'ai tellement sursauté
que j'en ai presque échappé mon appareil photo à l'eau!
Là, j'aurais vraiment été obligée de lâcher prise...
je crois.
J'ai passé la bandoulière deux fois autour de mon poignet
et j'ai continué à faire des photos.
La morale de l'histoire...
la ligne entre la ténacité et l'acharnement
n'est pas toujours clairement définie.
La morale de la morale...
lâcher prise n'est pas toujours une chose facile.
La morale suprême...
ne jamais jamais partir
sans son appareil photo.
La semaine dernière, j'avais demandé un signe,
aujourd'hui la Vie m'a donné... une Grande Aigrette.
Merci beaucoup à Sylvain pour l'identification de l'oiseau!
Cliquez sur les photos pour les voir en grand!
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À bientôt !