- Viens voir! On dirait une ville, là-bas, derrière les arbres !
En effet, derrière les arbres
se dressaient d'étranges structures de béton.
J'avais l'impression d'une ville,
d'immeubles sans porte ni fenêtre.
Une ville au milieu d'un champ
entourée d'arbres
barricadée derrière une trop petite enceinte.
entourée d'arbres
barricadée derrière une trop petite enceinte.
Tout semblait mathématique, calculé,
chargé de symbolisme...
mais pour illustrer quoi?
Je ne saurais dire.
On s'est promené entre ces curieuses structures,
les observant, les photographiant.
Mon esprit cartésien cherchait en vain des réponses.
Nous n'avons trouvé aucune explication.
Je trouvais triste qu'il n'y ait aucun panneau
indiquant ce qu'était ce lieu.
De si imposantes structures
devaient bien avoir une histoire.
À part deux tours relativement semblables,
les pièces avaient toutes des formes différentes,
certaines même avec des angles assez surprenants.
Mini-moi derrière ce qui ressemble à
un immense pot à fleurs.
Depuis que la Fée du Lac a aussi un appareil photo...
je me retrouve maintenant parfois, devant le Kodak.
Elle prends son nouveau rôle de photographe
vraiment au sérieux.
Y'a pas que les structures qui arboraient d'étranges angles.
Les photographes aussi.
- Regarde! Une porte!
s'exclame soudainement la Fée du Lac.
Ça me fait penser au livre "Le Chardon et le Tartan"
de Diana Gabaldon, dans lequel
l’héroïne Claire Beauchamps découvre un menhir,
une pierre scindée de laquelle sortait un vacarme
qui ressemblait à un bruit de bataille,
de fracas d'armures, de râles d'hommes à l'agonie,
ajoute-t-elle.
- Comme un portail vers un autre monde?
- Peut-être.
- Tu crois qu'on peut ouvrir la porte?
- T'es sérieuse là?
Vous l'aurez sûrement deviné...
on a essayé d'ouvrir la porte,
mais elle était scellée.
Vraiment scellée.
Étrangement, la magie a tout de même opéré.
On a été happée par un étrange vortex et
on s'est soudainement retrouvées en 1660,
354 ans en arrière!
On a alors, nous aussi,
entendu les râles des soldats,
les cris de dix-sept jeunes Français dans la vingtaine
et de ces alliés Hurons et Algonquins
avec à leur tête, Adam Dollard, sieur des Ormeaux.
On les a entendu livrer de tout coeur
une effroyable bataille
contre des guerriers Iroquois trop nombreux.
C'était horrible! On a vu le sang couler.
On a entendu ces jeunes lutter et périr
pour sauver leur patrie,
pour empêcher que la colonie française
soit anéantie.
Et ils ont réussi... au prix de leur vie.
Une lourde tristesse maintenant nous habitait,
celle de ces soldats morts trop jeunes,
celle de leur histoire qu'on avait oublié.
Une intense lumière surgit soudainement
de la fissure et d'un seul coup
nous voilà maintenant transportées en 1964-1965
L'architecte urbaniste et écrivain Jacques Folch-Ribas,
imagine un imposant monument abstrait,
un monument composé de 18 monolithes,
(un pour chaque compagnon figurant
à l'acte de décès, un pour les nations indiennes).
Les artistes sculpteurs Paul Borduas et Jordi Bonnet
collaborent à cette grandiose réalisation.
C'est donc là que nous sommes,
au coeur même de ce monument québécois
réalisé en mémoire de ces héros.
C'est incroyable et
vraiment bouleversant.
De retour en 2014,
nous ne sommes plus tout à fait les mêmes
puisque c'est ce qu'on apprend, ce qu'on vit
qui nous construit.
Plus jamais je ne considérerai la Fête de Dollard
uniquement comme un jour férié,
un jour de congé payé.
Dorénavant, ce jour spécial, qui maintenant
s'appelle La Fête Nationale des Patriotes
aura un tout autre sens.
Voilà.