jeudi 7 octobre 2010

Aglaée, la Bernache attachante

5e partie

MERCREDI SOIR
Après le travail, je suis passée chercher la Fée du Lac et nous sommes allées voir Aglaée.

Elle n'y était plus.

Nous avons regardé à l’orée du bois, dans le sous-bois, sur la rive, sur le lac. Elle n’y était pas.

Nous sommes restées un moment devant le lac, sans dire un not. En silence, comme une prière, un aurevoir. Soudain, un mouvement au milieu de cette quiétude a attiré notre attention. C’était Aglaée qui nous faisait un petit cygne de l'aile de l’autre côté du lac.



Que faisait-elle de l'autre côté? Peut-être croyait-elle que l’herbe était plus verte chez le voisin ?

JEUDI MATIN
Ce matin, bien que j’étais partie un peu à la dernière minute, j’ai pris le temps d'aller lui souhaiter bonne journée.

Je n'étais pas seule aujourd'hui; il y avait un gros monsieur et un chien. Dès qu’il m'a vu arriver, il s’est empressé de mettre son chien en laisse.

- C’est une belle outarde n’est-ce pas ? Je viens ici chaque jour voir si elle y est toujours.

Je n’ai pas entendu sa réponse car le chien grognait, aboyait et tirait sur sa laisse de toutes ses forces. S’il le lâche, il me dévore, c’est sûr.

- A partira pas, qu’il dit. A va crever icitte. Elle est trop vieille, les autres l’ont laissée tomber, qu’il ajoute en se bombant le torse comme s’il était un jeune coq qui en avait vu d’autres.



Un coup de poing dans le front ne m’aurait pas plus assommée. J’ai regardé Aglaée qui se dirigeait rapidement vers le lac. On aurait dit qu'elle se poussait.

- Et comment faites-vous pour définir quel l’âge a une Bernache ? Comment détermine-t-on si elle est vieille ou pas? Comment ça se voit ? Hein ?

Il n'avait pas de réponse.

Je reviens ce soir, que j’ai dit à Aglaée en partant.

Toute la journée j’étais en colère chaque fois que j’y repensais. C'est la rudesse avec laquelle il avait pété ma baloune qui m'avait choquée.

JEUDI SOIR
En entrant à la maison, j’ai vu que la Fée du Lac m’avait laissée un mot :

« J'étais avec Aglaée durant plus d'une heure cet après-midi. Elle dormait lorsque je suis arrivée – ensuite, elle s’est mise à manger et s’est couchée de nouveau. C’est peut-être son bassin qui a quelque chose car lorsqu’elle fait un certain mouvement, elle perd légèrement l’équilibre. »

C'était mignon, j’avais l’impression de lire les notes d’une infirmière dans un dossier.

À mon tour je suis allée tenir compagnie à Aglaée. Et là… j’ai eu toute une surprise.

Aglaée n’était pas à son endroit habituel. J’ai regardé sur l’autre rive et je l’ai aperçue alors qu’elle entrait à l’eau.

- J’étais simplement passée te souhaiter bonne nuit !

Et là, soudain, je vois quelque chose d’inhabituel. Un étrange reflet. Ce n’est pas un reflet, c’est une autre Bernache, que me je dis toute énervée. Elle n’est plus seule ! Elle a de la compagnie !



Elles ont nagé jusqu’à moi. L’autre Bernache ne faisait que la moitié de sa taille en fait c’était, je crois… une petite Bernachoune!

J’ai fait quelques photos de la danse du Cygne qu’Aglaée exécutait devant moi pendant que Bernachoune s’affairait déjà à manger le gazon. Je suis ensuite rentrée chez moi, habitée par une douce joie.




De retour à la maison, le téléphone a sonné.

- Tu sais ton « oézo » de 12 livres ? Eh! Bien je sais pourquoi il ne part pas. Elle a un bébé et il n’est pas tout à fait assez vieux pour voler… dans quelques jours ils s’envoleront ensemble, m’a dit AmiCromagnon au téléphone, je les ai vus aujourd’hui.

Ça c’était une hypothèse bien apaisante.

- Je viens de les voir aussi mais ce n’est pas un petit bébé Bernache, il a certainement quelques semaines… où était-il les cinq derniers jours tu crois?

- Elle a dû aller le cacher en sécurité de l’autre côté du lac et elle faisait diversion en passant du temps de ce côté... tu connais les mères.




Une autre hypothèse me vient à l'esprit: peut-être qu'Aglaée est un mâle, que la petite est une femelle... et que sa danse du Cygne en était une de séduction... on sait pas.

6 commentaires:

  1. Un vrai roman feuilleton, que c'est l'fun de te lire mais en même temps j'ai toujours peur d'avoir de mauvaises nouvelles, c'est fou comme je peux être émotive.

    Je suis vraiment contente qu'elle ait de la compagnie.

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  2. C'est le genre d'histoire qui me bouleverse; les animaux abandonnés, blessés, ou laissés derrière, moi aussi j'aimerais pouvoir les aider.

    Je vis à Montréal, j'ai un chat et je nourris deux chats errants, depuis plus d'un mois, auxquels je me suis attachée, et j'essaie de trouver une solution, pour ne pas les envoyer à la SPCA, ni au Berger Blanc, où ils seraient euthanasiés.

    Je lirai la suite de votre captivante histoire, mais je comprends tout à fait l'état d'esprit qui doit être le vôtre...

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  3. Merci beaucoup à vous trois.

    C'est vrai qu'on s'attache et qu'on ne souhaite que le meilleur pour ce p'tites bêtes là.

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  4. Tu as remarqué sur ta dernière photo, Fée des bois, comme le cou de la petite bernache est plus court. Je ne crois pas que ce soit une question d'angle.

    Je trouve ça vraiment formidable que tu aies pu observer ces oiseaux, ces derniers jours.

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  5. Merci Lili-Geneviève!

    En effet, le cou est plus court mais également beaucoup plus étroit. On dirait Aglaée en miniature.

    Merci d'avoir laissé un mot lors de ton passage dans mon Univers. Tu reviens quand tu veux !

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