Un trésor dans mon jardin.

Chaque printemps, quand je nettoie le dessous de l'escalier, je redécouvre ce trésor.

Quoi?  Ça un trésor? pensez-vous peut-être.  En lisant le titre, on est en droit de s'attendre à autre chose qu'un étrange bidule tout rouillé à la vocation douteuse.

Sachez que j'ai conçu et fabriqué cet objet de mes blanches mains d'horticultrice pendant le cours de production horticole que j'ai suivi en 2006.

Ça ressemble plus à une arme de destruction qu'à un instrument aratoire, je vous le concède.  D'ailleurs, je l'avais fièrement exposé durant quelques jours sur ma table de travail et certains de mes acolytes de classe l'avaient baptisé "Le Destroyer"

C'était dans le cadre du cours d'oxycoupage, une technique de coupage des métaux avec un chalumeau relié à une bonbonne contenant un mélange d'oxygène et d'acétylène, si ma mémoire est bonne.   Si je suis dans le champs, que les oxycoupeuses et oxycoupeurs se manifestent!

En première partie de cette formation, à titre préventif, on nous avait fait visionner une vidéo sur tous les dangers potentiels de l'oxycoupage. 

Ainsi, avant même de commencer, j'avais appris qu'on pouvait avoir des lésions sévères aux yeux (flash);  que des particules de métal en fusion pouvaient être projetées (j'ai encore le souvenir très clair de celle qui a plongé à l'intérieur de mon chandail pourtant pas décolleté); que l'oxycoupage nous expose à des substances toxiques et asphyxiantes; que le risque d'incendie et d'explosion était fréquent durant ce genre d'opération.  Le prof nous avait même raconté, que dans une autre école, une bonbonne avait déjà traversé trois murs de béton avant de s'arrêter.  Tout pour me rassurer.  Allez-y maintenant, avait-il dit à la fin de la présentation.

Alors que dans la classe un certain G. était fou d'enthousiasme à l'idée de commencer, moi j'étais totalement  terrorisée à l'idée de tout ce qui pouvait survenir.  Je tremblais comme une feuille de Hêtre en hiver.  Du début à la fin... on ne peut pas vraiment dire que je me sois améliorée.  Je suis allée jusqu'au bout, mais non sans un effort titanesque.


Le dernier examen consistait à produire un projet de notre choix.  Voici le mien.  Joli n'est-ce pas?  Z'êtes pas obligé de répondre.

Je suis fière de ma création. Non pas pour la précision de la coupe bien sûr, quoi que les bords en dentelle, résultat de tremblements intensifs, ça fait tout de même joli, ça ajoute une touche... féminine.

Ce point de vue n'était pas partagé par mon prof.  Pffft!  Les mec ne s'y connaissent pas en dentelle!

J'étais fière parce que j'avais eu l'idée de cet instrument destiné à faire de beaux sillons bien droits.

D'un côté on les fait de 12 pouces ou 30 cm

En utilisant l'autre côté, on obtient des sillons de 8 pouces ou un peu plus de 20 cm.

Ingénieux n'est-ce pas?  J'aurais dû faire breveter!

J'étais fière aussi du plan que j'avais dessiné avant d'exécuter "l'oeuvre".  Sur papier j'avais beaucoup plus d'habiletés.

J'étais fière de n'avoir presque pas perdu connaissance, sûrement parce que j'étais sortie trois fois du garage pour prendre de grandes respirations d'air pur.

Voilà pourquoi ce trucmuche tout rouillé est un trésor.  C'est pas vraiment pour ce qu'il est, mais pour ce qu'il représente; le courage dont j'ai dû faire preuve et la belle année que j'ai passée entourée de 11 élèves absolument charmants et d'enseignants vraiment inspirants.

Le bidule est fonctionnel aussi.  Voyez les résultats dans le deuxième potager!